Par Michaël Moglia Conseiller régional du Nord-Pas de Calais.
Alors que Jérôme Cahuzac a présenté sa démission mardi 19 mars, le président et son Premier ministre sont au plus bas dans les enquêtes d'opinion. Des résultats qui n'étonnent pas Michaël Moglia, conseiller régional du Nord-Pas-de-Calais, qui a quitté le Parti socialiste en 2012 après 23 ans, écoeuré par le manque d'actions et de réactions des socialistes au pouvoir.
J’ai quitté le parti socialiste en décembre 2012. Au siège du PS, rue de Solférino, personne n’a réagi aprèsla publication d’un texte dans "Libération" annonçant mon départ. J’ai contacté Harlem Désir pour lui dire mon étonnement vis-à-vis de cette non-réaction. Mais cela ne m’a pas surpris outre mesure car l’actuel Premier secrétaire a été placé à ce poste pour ne pas entraver la politique du gouvernement, il a mis en sommeil le parti.
Une situation incroyable
Le gouvernement est en roue libre précisément parce que le parti de gauche majoritaire n’est pas assez puissant et réactif.
Le PS devrait rappeler les engagements pris par François Hollande pendant la campagne. Car nous faisons face à une situation incroyable : on dirait qu’ils n’étaient pas au courant de l’ampleur de la crise en arrivant au pouvoir, et si c’est effectivement le cas, c’est de l’amateurisme. Ou alors, ils en étaient conscients et nous avons menti pendant toute la campagne car nous avons proposé des choses qui ne sont pas applicables en l’état.
Dans ce contexte, la démission de Jérôme Cahuzac ne fait que souligner la position délicate de François Hollande, qui a toujours défendu l’idée de "République exemplaire". Si le président avait apparemment déjà été alerté d’une possibilité de l’existence d’un compte en Suisse, j’ai beaucoup de mal à comprendre que, lorsqu'il l’a nommé au gouvernement, il ne se soit pas assuré en amont qu'il n’y aurait aucun problème dans les mois qui ont suivi son arrivée à Bercy.
Entendons-nous bien, Jérôme Cahuzac n’avait pas le choix. Et, pour l’instant, il est toujours innocent jusqu’à preuve du contraire. Étant donné qu’il était au ministère du Budget, il ne pouvait pas demander aux Français de faire des efforts tout en ayant des soupçons qui pesaient sur lui.
Où est le changement ?
Au-delà de ça, ce qui me sidère, c’est que, chaque jour, il y a une annonce du gouvernement qui marque un retrait vis-à-vis des promesses faites pendant la campagne. À propos de la TVA par exemple, on nous avait demandé de manifester contre la TVA sociale, rebaptisée "anti-sociale". Puis, on nous a annoncé qu'une TVA à 20,5% serait mise en œuvre. Par ailleurs, je suis en charge à la région Nord-Pas-de-calais du personnel, je suis intervenu à chaque débat budgétaire pour lutter contre la politique de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux (évoqué dans la RGPP), or cette politique existe toujours. Elle est appliquée et accentuée dans certains domaines.
De plus, en tant qu’élus locaux, nous vivons de plein fouet la diminution des dotations d’État, or François Hollande s’était engagé sur une augmentation en 2014 et 2015. Il a confirmé il y a quelques semaines queces dotations baisseraient dans les deux années à venir.
Même chose à propos des retraites, les socialistes ont manifesté pour se plaindre de la réforme menée par Nicolas Sarkozy. Or aujourd’hui, les représentants socialistes, même à la gauche du parti, Henri Emmanuelli notamment, interviennent dans les médias pour expliquer qu’il sera nécessaire de retarder les départs en retraite.
On se demande donc où est le changement. La suite sur Le Plus NouvelObs