En se contentant d'imposer l’austérité aux pays endettés, l’Union et ses dirigeants font preuve d’aveuglement, voire de bêtise: ils mettent leurs partenaires en difficulté, sans en tirer aucun avantage, remarque un juriste portugais.
Il y a quelque temps, au vu des conclusions du Conseil européen de ce printemps, j'en suis venu à me demander si le roi n'était pas nu. Je m'efforçais de comprendre ce qui m'apparaissait comme un écart béant entre ce qui avait été promis et annoncé et les résultats terriblement maigres et modestes. Ici et là, j'ai assisté stupéfait au miracle de la multiplication des déclarations parfois contradictoires et presque toujours incendiaires à l'égard des marchés, de la part de responsables de l'Union européenne.
Avec son sens de l'analyse hors pair et son intelligence et sa culture brillantes, mon ami [l’historien] José Medeiros Ferreira compare la situation actuelle de l'Europe aux dernières années de l'Empire austro-hongrois, lorsque le pouvoir était aux mains d'une bureaucratie déconnectée de la réalité. Je crois qu'il a parfaitement raison: la bureaucratie de l'Union, qui a tant fait pour éloigner les citoyens de l'idée même d'Europe, se contente de soigner ses propres intérêts, sans se soucier de ce qu'est le projet européen.
Quand je vois que les déclarations [du président de la Banque centrale européenne] Jean-Claude Trichet (et je ne peux qu’imaginer que [son successeur désigné] Mario Draghi, aveuglé par sa volonté d'apparaître aux Allemands plus teuton qu'ils ne le sont eux-mêmes, ne s'éloigne guère de ce qui est depuis quelque temps la position officielle et officieuse de la Banque centrale européenne) augurent de mesures clairement insupportables imposées à la Grèce, au moment même où la BCE commence à remonter les taux d'intérêt malgré la croissance anémique de la zone euro et la crise que vivent les pays périphériques, je ne peux que m'interroger: l'indépendance des banques centrales est-elle une aussi bonne idée que nous étions portés à le croire?
Ce que j’ai le plus de mal à comprendre, c'est donc ce qui pousse les principaux dirigeants politiques européens à persister dans un remède dont il a été amplement démontré qu'il ne donnait que des résultats déplorables sur les patients auxquels il est administré, et même, au bout du compte, sur eux-mêmes et sur les intérêts qu'ils sont censés défendre.
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