On l'a vu lors des grèves tournantes consécutives de ces dernières semaines et lors de la grève générale de ce lundi, la grogne sociale est profonde en Belgique. Mais c'est le cas aussi dans d'autres pays de l’Union européenne. Bruxelles, Madrid, Athènes, Paris,... un peu partout en Europe, la grogne monte envers les politiques d'austérité.
Et cette grogne des citoyens européens quant aux politiques d'austérité a forcément des conséquences politiques : on a vu l’émergence de l'extrême droite mais aussi de la gauche radicale dans certains pays.
Pablo Iglesias Turrión, à la tête du mouvement espagnol Podemos
Madrid, un ras le bol palpable
A Madrid, les mouvements de contestation et de protestation se multiplient. Pourtant, pour le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, tout semble aller pour le mieux.
S'il est vrai que l'Espagne va un peu mieux, que la croissance est de retour depuis quelques mois et que l'Espagne n'est plus "le grand malade de l'Europe", il n'en reste pas moins que le taux de chômage tourne autour des 24%, et celui des jeunes dépasse même les 50%. Et la cure de rigueur persiste : le mot d'ordre pour la confection du budget 2015 reste encore et toujours la réduction du déficit public. Cela signifie que les Espagnols vont encore devoir se serrer la ceinture l'année prochaine.
Pour rappel, en mai 2010, le gouvernement socialiste de l'époque avait annoncé 50 milliards d'euros de coupes budgétaires. Le gouvernement de droite de Mariano Rajoy a réalisé un plan d'économie de 150 milliards d'euros en trois ans. Mais à quel prix : réforme du marché du travail, hausse de l'âge de départ en retraite, baisse des budgets de l'éducation, de la santé,... La liste des sacrifices des Espagnols est très longue.
Discours optimiste mais déconnecté
Mais pour Mariano Rajoy, la crise fait désormais partie de l'histoire et le Noël à venir sera le premier, selon lui, de la reprise économique. Discours particulièrement optimiste mais déconnecté de la réalité des Espagnols.
Dans ce contexte, le ras le bol est palpable dans la société espagnole. Un ras le bol qui s'était exprimé au mois de mai 2011 avec le mouvement des indignés. Partant des revendications des indignés, une trentaine de personnalités dont des intellectuels, des activistes, des journalistes,... ont signé un manifeste commun pour que la mobilisation des manifestants de la Puerta del Sol soit transformée en mobilisation politique. Le parti politique Podemos était né.
Aujourd'hui, Podemos est crédité de 25% des intentions de vote pour les prochaines législatives espagnoles en novembre 2015. Podemos est donc réellement considéré comme une alternative aux deux grands partis, socialiste et conservateurs, tous deux très critiqués pour leurs politiques économiques de ces dernières années et accusés d'être au service de l'austérité prônée par l'Europe.
Podemos a organisé une grande manifestation dans les rues de Madrid le 31 janvier prochain, ce sera l'occasion de voir la capacité de mobilisation et la force de cette formation politique.
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