L’île caribéenne surpasse les grands pays dans l’envoi de personnel médical : un partenaire improbable pour les Etats-unis
Alors que le risque est croissant qu’Ebola puisse s’envoler vers d’autres cieux, les Etats-unis appellent les nations du monde entier à envoyer des docteurs, des infirmières en Afrique occidentale, où des milliers de vie sont en jeu. Rares sont ceux qui ont répondu à l’appel, un pays a répondu en force : Cuba.
Dans les semaines qui ont suivi l’envoi par le président Obama de près de 4 000 troupes en Afrique occidentale, la lutte pour éradiquer Ebola a créé des tandems insolites. Rien n’est plus étrange que le spectacle de médecins cubains rejoignant les militaires américains pour lutter contre Ebola en Afrique occidentale. Cuba est depuis longtemps dans une relation de conflit avec son voisin du nord : les Etats-unis.
Les puissances émergentes comme la Chine, l’Inde, la Russie font des affaires en Afrique, mais leurs contributions à la lutte contre l’épidémie d’Ebola ont été plutôt décevantes jusque-là. Et les nations bénéficiant des meilleurs systèmes de santé ont fourni une aide trop faible, trop tardive à la crise, selon les leaders des pays touchés par Ebola.
Jeudi, le secrétaire-général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé à une « multiplication par 20 de l’aide », comprenant « un personnel de santé bien formé ».
« La réponse internationale a été lente », a déclaré la présidente du Liberia Johnson Sirleaf. Jeudi, elle a plaidé pour l’envoi de plus de personnel médical, s’adressant depuis la capitale Monrovia à la conférence de la Banque mondiale à Washington. « Plus que jamais, nous avons besoin de personnels qualifiés et dévoués pour participer à la lutte contre Ebola ».
Cuba a répondu à cet appel. Elle a envoyé 165 travailleurs de la santé au Sierra Leone, durement touché, un nombre exceptionnellement élévé pour une petite île de 11 millions d’habitants. Ils ont rejoint les travailleurs médicaux en Afrique occidentale de plusieurs nations qui sont sous les auspices des groupes d’assistance. Médecins sans frontières (MSF) doit que près de 250 travailleurs médicaux internationaux se trouvent la région et près de 3 000 contre Ebola sur place dans son ensemble.
Cuba joue depuis longtemps un rôle énorme en Afrique, envoyant des troupes pour lutter afin de bouter l’armée sud-africaine de l’Apartheid hors d’Angola, et entrainant des guérillas qui ont rejoint la lutte armée de Nelson Mandela contre l’apartheid. Au début des années 1960, Che Guevara s’est rendu en Afrique pour fomenter une révolte dans la tout juste indépendante République démocratique du Congo – bien qu’il ait jugé par la suite qu’ils étaient peu intéressés par le socialisme mondial et plus par le brigandage.
« Nous ne pouvons libérer nous-mêmes un pays qui ne veut pas combattre », a-t-il écrit dans une lettre découragée au leader cubain Fidel Castro.
En revanche, le médecin argentin devenu révolutionnaire cubain a suggéré que Cuba y envoie autre chose : les docteurs. Depuis, Cuba envoyé des dizaines de milliers de travailleurs de la santé à l’étranger. Le pays a envoyé 2 500 travailleurs de la santé au Pakistan après le tremblement de terre de 2005, et 1 500 à Haiti après le séisme de 2010, a déclaré Jorge Delgado Bustillo, responsable de la Brigade médicale cubaine au Sierra Leone.
En comparaison, les 165 médecins représentent presque une réponse prudente.
« Nous travaillons sur la malaria, le choléra, la dengue, une situation de désastre, inondations au Vénezuela, au Guatemala, au Belize », dit M.Bustillo. « Mais Ebola ? C’est une première pour les Cubains ».
Dans un discours datant de ce mois-ci, M.Castro semblait rappeler les exploits militaires de Cuba face au déploitement de docteurs au Sierra Leone. Il les a nommé « une armée de blouses blanches » et a lancé : « Honneur, gloire à nos combattants valeureux de la cause de la santé et de la vie ! » selon les extraits de son discours publié dans le journal Granma. Article duWall Street Journal, datant du 9 octobre 2014
Traduction AC pour solidarité-internationale-pcf / La suite sur Pressenza