Crédité de 14 % des voix, le parti d'extrême-droite grec profite de la crise économique et politique du pays. Reportage sur ce que veut vraiment l'Aube Dorée.
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14% d'intentions de vote. Vendredi dernier, un nouveau sondage publié par Athens news a révélé la progression de l'Aube dorée (en grec Chrisi Avgi). Ce parti ultranationaliste se place désormais troisième derrière Nouvelle démocratie (droite conservatrice) et Syriza (coalition de gauche radicale).Marlène Katsinopoulou, attachée parlementaire de l'Aube dorée réagit. « Nous savons que les sondages se sont toujours trompés, aux dernières élections (17 juin, NDLR), nous avions récolté 7% des suffrages, alors que les sondages nous plaçaient à 4% ! », martèle cette jeune blonde de 27 ans. « Aujourd'hui nous sommes à 15 voire 17% d'intentions de vote!»
Nationalistes exacerbés
En mai dernier, une vidéo du leader du parti Nikos Mihaloliakos fait scandale. Interrogé sur une chaîne grecque, ce dernier nie l'existence des chambres à gaz. L'Aube dorée refuse toutefois l'étiquette néonazie et se défend de toute ressemblance entre son emblème et la croix gammée d'Hitler. Stathis Boucouras, député de Corinthe, écarte tout rapprochement : «Nous n'avons pas de rapport avec l'extrême droite, nous sommes nationalistes et cela veut dire aimer sa patrie et à être prêt à mourir pour elle.»
Humiliation européenne
Au bureau du parti à Athènes, les références au passé et à la gloire de la nation grecque sont d'ailleurs nombreuses. Drapeaux anciens, illustrations du patrimoine historique, livres sur l'antiquité grecque qui s'étalent sur les étagères... D'après Aristos Doxiadis, chercheur grec, « L'Aube Dorée défend l'idéologie que les Grecs sont des gens spéciaux, uniques, avec une langue unique, des racines dans l'antiquité et des références anciennes. C'est une caricature de l'histoire.» Le chercheur ajoute que « les médias ont présenté une image humiliante des Grecs depuis 2010, ce qui a touché la fierté nationale » et favorisé la montée du parti ultra-nationaliste. Cette humiliation au niveau européen « a conduit à la colère grecque et à un sentiment de conspiration ambiant. » Résultat, les migrants, nombreux en Grèce (près de 1 million), sont les principales cibles du parti, fréquemment soupçonnés et accusés de violences à leur encontre migrants. « Ce sont des personnes externes à l'Aube dorée », assure Marlène Katsinopoulou.
Sur une vidéorécente, diffusée sur la toile, on peut voir plusieurs personnes de l'Aube dorée détruire violemment plusieurs stands de migrants. L'attachée parlementaire légitime l'acte : « Nous avions appelé la police à plusieurs reprises, mais elle n'est pas venue. Si la police dit non quel est notre rôle ? De protéger notre peuple....» A l'évocation de l'image d'un parti agressif ou effrayant, Marlène Katsipoulou répond : « Ceux qui pensent cela n'ont pas lu notre programme !» La suite sur la Tribune