Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Le blog de republicainedoncdegauche.over-blog.com
  • : Républicaine donc de Gauche, parce que "capitalisme, libéralisme,mondialisation économique" sont antagonistes avec notre devise "liberté, égalité,fraternité" ;la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen ; le préambule de la constitution de 1946 ; la déclaration de Philadelphie et le Conseil National de la Résistance.
  • Contact

Qui a tué nos villages ?

Recherche

8 août 2013 4 08 /08 /août /2013 22:33

 

 

 

Quand la Valeur Travail ne permet plus de vivre

 

Aux Trente Glorieuses (de 1945 à 1973) ont succédé les Quarante Calamiteuses qui ont laminé la «Valeur Travail», réduite à peau de chagrin, à laquelle s'accrochent les nostalgiques d'un temps révolu.

Comme nous l’avons vu précédemment (dans l'Acte 5, référence en fin d'article), les armes de destruction massive de la «Valeur Travail» ont été utilisées sans discernement, depuis une quarantaine d’années, dans tous les registres, sur tous les fronts : Désindustrialisation – Transferts de technologies – Délocalisations – Pénurie de grands projets industriels nationaux – Financiarisation à outrance de l'économie – Hégémonie de l’argent roi et dérives des rémunérations devenues indécentes, illogiques, absurdes, injustes… – Apologie du paraître et du bling-bling – Stagnation, voire baisse des bas salaires qui correspondent souvent aux activités les plus ingrates, les plus contraignantes et parfois, aussi, les plus utiles à la collectivité – Et son corollaire : Apparition d’une nouvelle classe sociale, celle des «travailleurs pauvres»…

Comment la «Valeur Travail» peut-elle survivre à un tel déferlement d’assauts et de coups de boutoir ?

Et ce n’est pas tout ! Depuis une dizaine d’années, on assiste à un phénoménal revirement, que les plus attentifs ont pu suivre quasiment au jour le jour sur le site Internet de Pôle Emploi. Il y a moins de 15 ans, 70% des offres disponibles sur ce site référence correspondaient à des Contrats à durée indéterminée (CDI) et 30%, donc, à des Contrats à durée déterminée. Ces dernières années, la tendance s’est totalement inversée. Les postes aujourd’hui proposés sur le site Pôle Emploi sont, à plus de 70%, des CDD.
Le CDI est devenu l’exception.

À cette précarité généralisée, institutionnalisée, encouragée, s’ajoute la stagnation des salaires d’embauche, voire même leur baisse. Actuellement, la rémunération de la majorité des propositions se situe au minimum légal qui, comme nous l’avons vu plus haut, est dissuasif, notamment pour les chômeurs indemnisés qui perçoivent parfois des allocations équivalentes ou supérieures au salaire minimum.

Cette rémunération peu attractive ne dissuade pas que les seuls allocataires «privilégiés». Elle détourne aussi, souvent, les personnes qui perçoivent les minima sociaux, ce, en dépit de la mise en place du Revenu de Solidarité Active par Martin Hirsch, dont nous nous abstiendrons ici de décrypter les modalités d’attribution plutôt ardues. Le RSA est une usine à gaz qui impose à ses bénéficiaires des déclarations trimestrielles de revenus et de patrimoine tortueuses et complexes qui, à l’usage, sont sources de confusions, d’erreurs et, de plus en plus souvent, de sanctions pour celles et ceux qui n’ont pas mis le bon chiffre dans la bonne case. À tel point que nombre d’ayants droit renoncent finalement à solliciter le RSA, tant les formulaires exigent une vraie maîtrise des règles patrimoniales et fiscales en vigueur. Ce seul sujet n’hésiterait un ouvrage dédié.

Nous sommes donc contraints d’aborder le thème de la «dissuasion salariale» à la marge, par cette simple question de bon sens : Quand on perçoit un minimum vital comme l’ASS, l’Allocation de Solidarité Spécifique, d’un montant de 480 euros par mois, quel intérêt financier a-t-on de travailler au Smic ?

Certes, la différence entre l’ASS et le Salaire minimum interprofessionnel de croissance (1.120 euros nets) se chiffre à 640 euros. Pour autant, travailler induit des dépenses incompressibles qu’il faudra défalquer de cette marge : frais de transport, qui sont loin d’être négligeables quand on est contraint d’utiliser une voiture pour se rendre sur son lieu de travail, frais de restauration sur place, frais d’habillement quand il s’agit d’être «présentable»… qui s’ajoutent aussi à la perte de certaines aides et droits connexes que vous ouvre un statut de chômeur relevant d’un minima social et que vous pouvez perdre si vous retravaillez. Nous nous garderons bien ici d’évoquer tous les autres aspects du retour à l’emploi, tant ceux qui paraissent structurants (sortie de l’exclusion, retour à un rythme de vie régulier, nouvelles relations, perspectives professionnelles…) que contraignants (horaires, transports, hiérarchie, fatigue, stress…).

Pour certains donc, la reprise d’une activité professionnelle
n’est tout simplement pas rentable. Elle peut même s’avérer pénalisante. Ces personnes n’ont parfois aucun intérêt à se remettre au travail. Il est plus intéressant pour elles de vivre des revenus de subsistance et des aides. Ce que dénonce toute une frange de la Droite, à l'instar de Laurent Wauquiez qui n’hésita pas à clamer : «l'assistanat est le cancer de la société française». Pour notre part, nous ne nous en offusquons pas !

Cette situation ne s’apparente en rien à de la fraude aux prestations ; ce constat relève tout simplement d’une logique financière très «libérale» en définitive, de cette logique de «marché» dont on nous rebat les oreilles et dont on nous vante les mérites. Qui, parmi nos dirigeants, irait trimer toute la journée, dans des conditions souvent pénibles, à une heure de transport de son domicile, pour un peu plus de 1.000 euros nets par mois, alors que l’on peut percevoir une somme approchante en restant chez soi ?
Qui se plierait de bon gré à cette absurdité ?

Dans ce contexte schizophrénique et aujourd’hui sans issue, certains ont élaboré un discours visant à stigmatiser tous ces chômeurs qui ne veulent pas travailler. C’est ainsi que pendant 10 ans, l’UMP au pouvoir, en la personne de François Fillon (ministre du Travail et l’Emploi sous la présidence de Jacques Chirac), Laurent Wauquiez (secrétaire d’État à l’Emploi sous la présidence de Nicolas Sarkozy) et quelques aboyeurs de service (comme Frédéric Lefebvre), ont soutenu que des centaines de milliers d’emplois ne trouvent pas preneurs en France (on parle habituellement de 500.000), sous-entendant qu’autant de chômeurs refusent ainsi les postes disponibles. La belle affaire !

Cette allégation a conduit Nicolas Sarkozy à instaurer un contrôle mensuel des chômeurs assorti d’une nouvelle règle : Ils ne pourront désormais refuser plus de deux fois une «offre raisonnable d’emploi». Si cette mesure a fait couler beaucoup d’encre et suscité bien des commentaires et polémiques, elle n’a résorbé d’aucune manière que ce soit le chômage. Alors qu’on aurait pu s’attendre à ce qu’il baisse de 500.000 demandeurs, puisque dorénavant ces offres disponibles seraient pourvues de gré ou de force, il a augmenté de 700.000 dans la seule catégorie A sur les années 2008/2010. «
Certes, mais sur cette période, nous avons connu une crise majeure», argueront ceux qui se succèdent au ministère du Travail et de l’Emploi.

Il serait malhonnête de contester les répercussions de cet événement qui a rendu inopérantes les mesures envisagées. Avec l’afflux de 700.000 chômeurs supplémentaires en deux ans, le suivi mensuel des millions de personnes inscrites à Pôle Emploi devenait illusoire, irréalisable. Conséquence, il n’a pas fallu attendre 3 mois pour que les 500.000 postes soi-disant disponibles s’évaporent dans la nature et qu’on en entende plus parler. Où sont-ils passés alors ? Par
Jean Pransoin / La suite sur Actuchômage

Lire aussi :


Acte 1 : «De la Valeur Travail à la Valeur Chômage»
Acte 2 : «Chômage, Vertu refondatrice de la Société de demain»
Acte 3 : «Intellectualiser le chômage ne fait pas avancer le schmilblick»
Acte 4 : «Entretenir les mythes de la Valeur Travail, coûte que coûte»
Acte 5 : «Quarante ans de destruction de la Valeur Travail»

Partager cet article
Repost0

commentaires

 compteur

Campagne 2017

Photos Campagnes

2011
2012
2013
2014
2013
2016-2017
Caranave Insoumis du Haut Vaucluse 1

 

Caravane Insoumis du Haut Vaucluse 2