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Qui a tué nos villages ?

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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 18:31

Plan de prévention des risques psychosociaux déployé en son temps par Brice Hortefeux, pôle de vigilance suicide annoncé par le Directeur Général de la Police Nationale… Notre Institution fait l’objet, depuis quelques mois, d’une attention particulière dans le domaine de la santé-sécurité au travail. On peut s’en réjouir. Mais on doit aussi se poser quelques questions.

L’état de la prise en compte, au sein de notre profession, du domaine de la santé-sécurité au travail peut être résumé par quelques rappels : le document unique de prévention des risques professionnels, obligatoire dans la Fonction publique depuis 2002, n’a été déployé qu’en 2007 pour la police nationale. Il aura souvent fallu des combats de longue haleine pour que les Comités d’Hygiène et de Sécurité (CHS), devenus Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de travail (CHSCT), soient réellement réunis partout sur le territoire. Les trois réunions annuelles obligatoires de cette instance ne sont encore pas partout respectées. Encore aujourd’hui, les présidents de ces instances refusent, dans certains départements, de mettre au vote des propositions formulées par les représentants du personnel. Alors, devant les derniers projets qui sont présentés, on est tout de même en droit de se poser quelques questions.

Bien entendu, on ne peut que se réjouir de voir d’anciennes propositions de nos représentants enfin prises en compte par l’administration policière. Il y a pourtant bien longtemps que notre organisation syndicale, appuyée par l’Association Nationale d’Action Sociale (ANAS), travaille sur ces sujets. Ces travaux menèrent à la mise en place, en 1996, du Service de Soutien Psychologique Opérationnel (SSPO) qui compte aujourd’hui une soixantaine de psychologues répartis sur tout le territoire. Ce fut une avancée importante, mais très largement insuffisante. Il existe moins d’une psychologue clinicienne par département. Imaginez, en cas d’urgence, quel peut être le délai d’intervention ! Juste pour l’exemple, lorsque l’une d’entre-elle (ce sont essentiellement des femmes), qui a la responsabilité de trois départements, s’absente pour cause de formation, de congé, pour raison de santé ou de maternité, elle laisse la responsabilité de sa zone de compétence à une de ses collègues qui l’assume en plus de sa charge habituelle. Demander à un policier de Bourges, qui se trouve en profond malaise, d’appeler une psychologue de permanence au Mans ne revient-il pas à « appliquer un emplâtre sur une jambe de bois » ?

Il est donc enfin question, après presque vingt années d’immobilisme, de poursuivre le travail sur la prévention de ce qu’il est désormais moderne d’appeler pompeusement « les risques psychosociaux ». Pour cela, des cellules de veille sont mises en place dans les départements. Des « pôles de vigilance suicide » sont même activés. Autant de démarches que nous approuvons pleinement.

Toutefois, nous ne pouvons nous en satisfaire. Le malaise des policiers et les suicides qui peuvent en découler n’ont certes pas tous des causes professionnelles ; certains hiérarques zélés savent le rappeler lorsque survient le pire en invoquant « des situations familiales difficiles ». Pour autant, notre profession est suffisamment difficile pour que chaque policier ait besoin d’un équilibre familial et personnel stable afin d’absorber toute la violence mais surtout toute la misère sociale à laquelle il (ou elle) est confronté(e). Un simple déséquilibre peut ainsi constituer l’effet papillon qui conduit certains de nos collègues à commettre le pire.

Mais surtout, je suis contraint, si je veux respecter ma fonction de représentant du personnel de la police nationale, de poser deux questions fondamentales, l’une étant consubstantielle à l’autre.

- Ne serait-il pas utile, plutôt que de s’intéresser aux conséquences, de se pencher sur les causes d’un malaise qui conduit les policiers à craquer psychologiquement de plus en plus tôt dans leur carrière ? Là où l’on pouvait constater, il y a quinze ans ou vingt ans, une usure professionnelle en fin de carrière, on constate aujourd’hui la même usure chez certains collègues avant quarante ans.

Toute l’agitation autour de ces nouvelles pratiques en matière de santé-sécurité au travail chez les policiers (plan de risques, pôles de vigilance) n’est-elle pas susceptible d’assurer un alibi intellectuellement très confortable à certains hiérarques aux pratiques managériales les plus contestables voire déviantes ? En effet, si l’on veut traiter du sujet de façon complète et exhaustive, il faut oser tout dire et ne pas s’arrêter aux lieux communs.

Les pratiques managériales déshumanisées, qu’elles aient été commises par incompétence (assez souvent) ou dans une volonté délibérée de nuire (aussi), ont été, ces dix dernières années, quasi systématiquement couvertes par la hiérarchie. Dénoncer ces comportements déviants apparaissait comme un « manque de loyauté » susceptible de voir son auteur écarté de son unité et mis au ban de son service. Chercher tout simplement à faire reconnaître ses droits était – et l’est sans doute encore dans certains lieux – un chemin semé d’embûches que bien peu de policiers ont osé emprunter alors que le travail de notre Institution a été dévoyé, pour ne pas dire manipulé au travers de la politique du chiffre. Les quelques-uns qui ont osé le faire l’ont payé de leur santé et ont été contraints de se reconstruire loin de leur service pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, voire plusieurs années avant de reprendre leur travail.

On peut certes, comme l’écrivait Goethe, « bâtir quelque chose de beau avec des pierres qui entravent le chemin. » Mieux vaut, en tout cas, sur ce sujet et de mon point de vue, débroussailler le chemin pour que les policiers puissent ne plus y trébucher.

Stéphane Liévin UNITE SGP POLICE FO Source Laurent Mucchielli

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