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Qui a tué nos villages ?

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 09:20

Au 1er mars 2012, la France a battu un nouveau record : celui de la surpopulation carcérale.

On compte aujourd'hui 66 445 détenus pour 57 213 places opérationnelles en détention, 740 personnes dormant sur un matelas posé à même le sol.

Prétendant répondre au sentiment d'insécurité des français, la politique du "tout carcéral" menée depuis 2002 a fait croire qu'il suffisait de réprimer et d'incarcérer pour mettre fin à la délinquance et à la récidive. Les lois se sont accumulées sans évaluation des dispositifs existants et aux préconisations largement contradictoires.

Cette politique n'a pas été seulement inefficace ; elle s'est traduite également par une hypocrisie majeure.

Les juges correctionnels aujourd'hui se trouvent contraints d'incarcérer toujours plus (notamment du fait des peines planchers) tandis qu'il est demandé aux juges d'application des peines d'aménager les peines d'emprisonnement de moins de 2 ans et aux Procureurs d'opérer des libérations anticipées sans cohérence et sans projet personnalisé.

Le système français d'exécution des peines est enfermé dans une logique schizophrénique qui conduit ainsi à faire sortir discrètement par l'arrière cour ceux qu'on a prétendu faire rentrer massivement par la grande porte.

En outre, les peines alternatives à l'emprisonnement, lorsqu'elles sont prononcées, ne sont, dans de trop nombreux cas, pas exécutées ou trop tardivement.

La lutte contre la récidive est aujourd'hui uniquement pensée à partir de la peine d'emprisonnement alors même que toutes les études nationales et internationales établissent que, quelle que soit l'infraction commise, la récidive diminue lorsque la personne bénéficie d'un aménagement de peine.

Lutter contre la récidive implique une refonte globale de notre système pénal reposant en priorité sur la restauration du sens de la peine.

La peine doit réendosser ses objectifs naturels, c'est-à-dire punir et protéger la société maintenant, mais aussi insérer ou réinsérer pour protéger la société demain

La peine d'emprisonnement ne doit plus être la peine de référence. Elle restera dans l'échelle des peines, la peine la plus sévère mais ne sera prononcée qu'en dernier recours à titre purement punitif lorsque, face à des comportements de délinquance grave, l'ordre public ou la protection des victimes sont menacés.

De nouvelles peines principales dites de "surveillances pénitentiaires" pourront être prononcées dès la condamnation par le tribunal correctionnel. Il ne s'agit pas seulement d'aménagement de peine ab initio qui sont aujourd'hui possibles mais rarement prononcés en pratique.

La peine "d'assignation à résidence surveillée" prononcée à l'audience de jugement permettra la pose sous 48 heures d'un bracelet électronique, avec fixation d'horaires stricts de sortie et ce afin de préserver l'hébergement, l'activité professionnelle, l'équilibre familial et permettre la mise en place de soins psychiatriques, psychologiques ou médicaux adaptés. Les droits des victimes seront également assurés, car l'absence de respect d'entrer en contact ou l'absence de mise en œuvre d'indemnisation pourront entrainer le retrait du dispositif avec incarcération.

La peine "d'assignation en semi-liberté" prononcée lors de l'audience de jugement permettra à tout condamné sans hébergement stable et/ou sans emploi d'assurer son insertion socioprofessionnelle, la mise en œuvre d'un suivi psychiatrique, psychologique ou médical.

Enfin, la peine "d'assignation en placement extérieur" prononcée à l'audience de jugement sera particulièrement adaptée à toute personne dont la trajectoire pénale est liée directement à une problématique alcoolique, addictive ou à de graves troubles de la personnalité conduisant à la réitération d'actes de délinquance. Le condamné sera confié à une structure conventionnée par l'administration pénitentiaire permettant un hébergement et imposant un règlement intérieur strict avec notamment obligation de soins et formations dispensées dans le cadre du suivi.

Il est également impératif d'assurer une véritable effectivité des peines prononcées. Lire la suite sur Le Monde

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 08:54

 

Jean-François Chadelat, directeur du Fonds CMU, démonte des idées fausses sur la CMU

Nous vous invitons à déconstruire des préjugés et des stéréotypes répandus sur la pauvreté et les pauvres, afin que ceux-ci cessent d’être les boucs émissaires des maux de nos sociétés et qu’ils deviennent au contraire des partenaires à part entière dans la construction d’un monde plus juste.

Voici quelques-unes de ces idées reçues. Diffusez-les autour de vous, réagissez, participez au débat.


1) Sur la pauvreté, les revenus et les patrimoines

Capture3-a6ea6.png  « La pauvreté a diminué en France entre 2006 et 2009 »

Faux. Le gouvernement a publié le 19 octobre 2011 son rapport sur l’évolution de la pauvreté en France, qui conclut effectivement à une baisse de 5% du nombre de personnes sous le seuil de pauvreté entre 2007 et 2009. Mais cette diminution de 5% concerne le taux de pauvreté « ancré dans le temps », contesté par de nombreux experts et associations de lutte contre la pauvreté (voir).
Tous les indicateurs de l’INSEE montrent au contraire que la pauvreté et son intensité se sont aggravées entre 2006 et 2009 (on n’a pas d’indicateurs plus récents) :
- le taux de pauvreté à 60% du revenu médian est passé de 13,1% en 2006 à 13,5% en 2009, soit 8,2 millions de personnes,
- entre 2000 et 2008, le nombre de personnes sous le seuil de 40% du revenu médian est passé de 2,7 à 3,2 millions (et pas de chiffre en 2009 ! pourquoi ?).
Sources : voir en particulier ici

À savoir :on parle souvent des inégalités de revenus, mais c’est surtout au niveau des patrimoines et donc au moment des héritages que les inégalités se creusent : les 10% des ménages les moins aisés détiennent moins de 2 700 euros de patrimoine brut (avant remboursement des emprunts). Les 10% les mieux dotés disposent d’un patrimoine supérieur à 552 300 euros. Soit un rapport de 1 à 205, qui a crû de près d’un tiers depuis 2004. Un écart bien plus important que celui relatif aux revenus, qui était en 2009 de 4,2 entre les 10% les plus modestes et les 10% les plus riches. Source


2) Sur les minima sociaux

Capture2bis-b6fb5.png2-1) « La France distribue des minima sociaux élevés. »

Faux. La France est dans la moyenne européenne. En France, le montant des minima sociaux pour une famille de deux enfants s’élève à 72% du seuil de pauvreté à 60% du revenu médian, alors qu’il est en moyenne de 76% dans l’Union Européenne (source OCDE, cité dans la revue Études et résultats de la DRESS du ministère de l’Emploi, n°464, février 2006)
Par ailleurs, le montant des minima sociaux (RSA, AAH) ne connaît pas la même progression que l’ensemble des revenus. En 1988, le Revenu Minimum d’Insertion équivalait à 50% du SMIC. En 2012, le RSA socle est à 42% : soit 474,93 € pour une personne seule.

Capture1-52daf.png2-2) « Il n’y a pas assez d’argent dans les caisses pour augmenter les minima sociaux »

Faux. D’une part, la moitié seulement des 7,5 milliards € prévus pour le RSA sont effectivement dépensés, à cause des non-recours (voir 2-4). D’autre part, il est possible de prendre des mesures (en particulier de plus grande justice fiscale) afin d’accroître les recettes de l’État et des collectivités territoriales.

Capture3-a6ea6.png2-3) « Les pauvres font des enfants pour toucher des aides et des allocations. »

Faux. Ce n’est pas avec les allocations qu’on peut vivre dignement en famille ; une famille proche du seuil de pauvreté s’appauvrit encore plus lorsqu’elle s’agrandit. Démonstration pour une famille de deux enfants. Le seuil de pauvreté est pour elle de 954 € (seuil de pauvreté à 60% du revenu médian) x (1+0,5+0,3+0,3)= 2003 € mensuels. Disons que cette famille a 2100 € de revenus (y compris allocations familiales). Elle se situe juste au-dessus du seuil de pauvreté. Si un nouvel enfant survient, son seuil de pauvreté deviendra 954 € x (1+0,5+0,3+0,3+0,3) = 2290 €. Ses revenus seront augmentés de 161 € d’allocations familiales, soit 2261 €. Elle passera alors sous le seuil de pauvreté. Pour tout nouvel enfant, le revenu de la famille (en l’absence d’autre variation de revenu) s’élèvera de 161 € d’allocations familiales, et son seuil de pauvreté s’élèvera de 0,3x954 € soit 286 €. C’est ainsi que l’on décourage les familles pauvres d’avoir des enfants…

Capture2bis-b6fb5.png2-4) « Les gens font tout pour toucher le maximum d’aides »

Faux. La moitié des personnes éligibles au RSA n’en fait pas la demande (source Odenore http://bit.ly/zfPwiI). Voir aussi 6-4) pour les taux de non-recours aux prestations sociales. Les raisons : la volonté de ne pas dépendre de l’aide publique, la complexité des démarches, le manque d’information, le souhait de ne pas être contrôlé…

Capture1-52daf.png2-5) « Les pauvres demandent tous des droits, mais ça va avec des devoirs »

Tout à fait. Mais la société doit aussi engager des moyens suffisants pour que son devoir de soutenir les personnes en difficulté ne consiste pas uniquement en du contrôle, mais se traduise en un accompagnement réel. Or « Le suivi des allocataires du RSA paraît s’être dégradé, puisque, pour les seuls allocataires du RSA socle, ils sont un tiers à avoir signé un CER (contrat d’engagement réciproque) alors que près de la moitié de ceux qui touchaient le RMI avaient à l’époque un contrat d’insertion. » (source Odenore).
Pour ce qui est de l’accompagnement des chercheurs d’emploi, il n’est pas à la mesure des besoins. Le nombre moyen de demandeurs d’emploi suivis par conseiller de Pôle Emploi était de 85 fin 2008, 95 en 2009, puis 105,8 fin décembre 2010. Le Sénat et le Conseil Économique Social et Environnemental estiment qu’il faudrait se rapprocher de la cible de soixante demandeurs d’emploi par conseiller (Source : rapport du Sénat sur Pôle emploi, juillet 2011, téléchargeable ici)

Capture2bis-b6fb5.png2-6) « On peut s’en sortir mieux au RSA qu’avec le SMIC »

« Un couple qui est au RSA, en cumulant les différents systèmes de minima sociaux, peut gagner plus qu’un couple dans lequel il y a une personne qui travaille au SMIC » a déclaré le ministre Laurent Wauquiez le 8 mai 2011. Cette affirmation est fausse. Exemple d’un couple locataire en Île-de-France :

 

Ressources mensuelles (y compris APL) pour un couple sans emploi ni allocations chômage (RSA Socle)

Ressources mensuelles (y compris APL) pour un couple avec un SMIC à 1000€ mensuel net (+ RSA activité)

 

Sans enfant avec aide au logement (APL)

598(RSA)+360(APL)=958€

+ droit à la CMUC

1000+200(APL)+218(RSA activité) = 1418€

pas de droit à la CMUC

Sans enfant et sans APL

712€

+ droit à la CMUC

1000+332(RSA activité) = 1332€

pas de droit à la CMUC

Avec deux enfants et APL et Allocations familiales=126€

859+470(APL) = 1329€

+ droit à la CMUC

1000+390(APL)+126(AF)+350(RSA activité) = 1866€

+ droit à la CMUC

Avec deux enfants et sans APL. AF=126€

997€

+ droit à la CMUC

1000+126+491(RSA activité) = 1617€

+ droit à la CMUC

NB :
- Les simulations d’APL ont été effectuées sur le site www.caf.fr pour un loyer de 700€ à Paris.
- RSA activité = Montant forfaitaire RSA + 62% des revenus d’activité du foyer – Ressources du foyer – Forfait d’aide au logement (voir). Pour notre premier calcul, cela donne 712+(1000x62%)-1000-114=218€. Note : 114€ est le forfait à déduire en 2012 pour une famille de deux personnes bénéficiant d’une aide au logement. Pour la situation avec deux enfants, cela donne 997+(1000x62%)-1000-126-141=350€. Note : 141€ est le forfait à déduire en 2012 pour une famille de trois personnes et plus bénéficiant d’une aide au logement.
- Le RSA socle comprend les allocations familiales.
- Pour avoir accès à la CMUC (Couverture Maladie Universelle Complémentaire), les revenus mensuels doivent être inférieurs à 971€ pour une famille de deux personnes et 1360€ pour 4 personnes. Sont inclus dans ce calcul les revenus de la famille (hors RSA mais y compris allocations familiales) et un forfait logement pour les locataires bénéficiant d’une aide au logement : 114€ mensuels pour une famille de deux personnes en 2012 et 141€ pour plus de trois personnes (sources : ici et ici).

Deux commentaires :
- effectuer ces calculs est un véritable parcours du combattant, et plusieurs témoignages nous montrent qu’il y a parfois des écarts entre la théorie et la réalité. Comment une famille aux revenus modestes peut-elle prévoir ses revenus sur les mois à venir ?
- Nous n’avons pas pris en compte des dépenses de garde d’enfant ou de services essentiels (transport, gaz, électricité…) qui peuvent être différentes entre une famille percevant un SMIC et une famille percevant le RSA socle.


3) Sur le budget des familles

Capture3-a6ea6.png« Le pouvoir d’achat moyen des Français a augmenté entre 2007 et 2010 »

Vrai et faux. Le pouvoir d’achat global au niveau de la France a légèrement augmenté. Mais, compte tenu de l’augmentation de la population, le « pouvoir d’achat du revenu arbitrable » (une fois que les dépenses obligées – loyer, assurance, électricité… - ont été payées) par personne a baissé de 0,1% entre 2008 et 2010 (source INSEE).
Par ailleurs, pour les revenus les plus modestes, la situation est plus grave. Par exemple, de 1992 à 2006, les dépenses incompressibles dans leur budget sont passées de 52 à 74%. Selon le Secours catholique (Message, février 2011) : « se chauffer devient un luxe pour des millions de personnes », 3,4 millions de personnes subissent la précarité énergétique, les demandes d’aide au chauffage ont augmenté de 50% entre 2008 et 2009 au Secours Catholique.
Le prix du gaz a augmenté de 50% en 5 ans ; les loyers depuis 2000 : + 30%. ; électricité : + 6% en un an ; carburants : + 15% en un an (source rapport de la CLCV, octobre 2011).
Voir aussi le dossier annuel 2011 de la MRIE Rhônes-Alpes 


4) Sur le travail, le chômage et la retraite

Capture2bis-b6fb5.png« Les pauvres ne veulent pas travailler. »

Faux. Les études convergent : 64% des chômeurs interrogés dans huit pays européens déclarent qu’ils veulent retrouver un emploi, même si cela ne leur procure pas un gain financier, alors que seuls 48% des personnes déjà en emploi déclarent vouloir conserver leur travail dans une telle situation (source : étude coordonnée par Duncan Gallie en 1999, citée par Jean Gadrey).
L’enquête « L’influence des incitations financières sur le retour à l’emploi des bénéficiaires de minima sociaux » menée en 2009 par la Direction Générale du Trésor montre bien que la valeur accordée au travail et la volonté d’assurer le meilleur avenir possible aux siens conduisent la plupart des bénéficiaires à accepter la reprise d’un emploi, même sans gain financier immédiat (ici). Les principaux freins évoqués pour la reprise d’un travail sont le manque d’emplois, de moyens de transport, de formations adaptées, de modes de garde accessibles, etc.

Capture1-52daf.png« Il y a des pauvres qui veulent s’en sortir et d’autres qui ne veulent pas. »

Faux. Personne n’accepte de vivre dans la misère. La distinction entre « bons pauvres » et « mauvais pauvres » traverse toute l’histoire de la pauvreté (cf. les ouvrages de Paul Christophe sur le sujet). Cette distinction est surtout le reflet de l’impuissance de l’action publique ou de son manque de volonté de s’attaquer vraiment à la pauvreté. Faute de quoi, on s’attaque aux pauvres : c’est plus facile.

Capture3-a6ea6.png« Les bénéficiaires du RSA ne font pas d’efforts réels pour chercher du travail. »

Faux. La plupart des bénéficiaires du RSA ont l’obligation de chercher un emploi, sous peine de diminution ou suspension de l’allocation.

Capture2bis-b6fb5.png« Si on veut vraiment travailler, on trouve. »

Faux. Dans l’état actuel du marché de l’emploi (entre trois et cinq millions de chômeurs en France en 2012, selon la catégorie que l’on considère), tout le monde ne parvient pas à trouver du travail. De plus, certaines personnes restées depuis longtemps sans travail ont besoin d’être particulièrement soutenues pour revenir à l’emploi.

Quelques chiffres

- Le chômage coûte chaque mois 2,2 milliards d’euros à l’Unedic (source rapport du Sénat (juillet 2011) sur Pôle emploi, téléchargeable ici),
- les plus pauvres cotisent comme les autres pour leur retraite, mais perçoivent moins de retraite dans la mesure où leur espérance de vie est moins importante (voir 6)),
- Taux de chômage chez les 16-25 ans : 8,7% chez les bac+2, et 35% chez les non-diplômés (voir  page 36-37). Le taux de chômage des 15-29 ans est en 2009 de 29,5% en zone urbaine sensible et de 16,9% en moyenne nationale (source DARES, Analyses, octobre 2010, n°072).


5) Sur le logement

Capture1-52daf.png« La construction de logements sociaux se développe à un rythme suffisant en France. »

Faux. Le niveau de la production a progressé régulièrement jusqu’en 2007 mais s’est effondré depuis : seulement 333 000 logements ont été commencés en 2009 (contre 435 000 en 2007), ce qui met à mal les objectifs du DALO. On estime que le niveau de déficit va atteindre le million de logements. De plus, la progression des logements sociaux tient surtout à l’augmentation de logements accessibles seulement aux classes moyennes (nombre de logements PLS multiplié par 10 entre 2000 et 2010) alors que les logements accessibles aux familles les plus modestes augmentent bien plus faiblement : le nombre de PLAI a été multiplié par 2 sur la même période (rapport Mal logement 2011 de la Fondation Abbé Pierre).

Capture3-a6ea6.png« Les logements sociaux devraient être attribués en priorité aux gens qui travaillent. »

Faux. L’impératif de solidarité nationale exige que chacun, qu’il ait ou non un emploi, puisse disposer d’un logement adapté à ses ressources. Le droit à un logement digne est reconnu pour tous les citoyens en France. De fait, on constate malheureusement aujourd’hui que les personnes possédant un emploi accèdent en priorité aux logements sociaux.

Capture2bis-b6fb5.png« En période de restriction budgétaire, il est normal que l’État réduise l’aide au logement social. »

Faux. C’est la réalité mais c’est un mauvais calcul. Tout d’abord parce, en contrepartie, "l’ensemble des crédits que l’État consacre à la politique d’hébergement peut être estimé à 1,5 milliard d’euros" chaque année (source Cour des comptes).
Par ailleurs, l’absence de logement stable provoque pour une famille des ruptures durables dans l’emploi, la santé, la scolarité… qui auront des conséquences et des coûts élevés pour la collectivité.


6) Sur la Sécurité sociale et la santé

Capture1-52daf.png6-1) « Les pauvres sont des fraudeurs. »

Faux. La fraude aux prestations sociales est évaluée à environ 3 Milliards € et concernerait 1% des particuliers (source Cour des comptes). NB : dans ces 3 milliards figure une part de fraude due aux médecins qui font des dépassements d’honoraires. Par ailleurs, 90% de ces 3 Milliards sont récupérés.
La CNAF estime le taux de fraude à 0,46% pour les prestations familiales, 3,1% pour l’API (Allocation Parent Isolé), 3,6% pour le RMI-RSA (source : AFP, 29 avril 2010).
À comparer avec :
- la fraude aux prélèvements sociaux, évaluée à entre 8 et 12 Milliards € et concernerait 10% des entreprises (source Conseil des prélèvements obligatoires en 2007)
- la fraude fiscale en France, évaluée à entre 20 et 25 Milliards € par le Conseil des prélèvements obligatoires en 2007, ou 30 Milliards € par la Direction du Budget, ou encore 50 Milliards € par la Commission Européenne.

Capture3-a6ea6.png6-2) « Les bénéficiaires de la CMU en profitent pour faire des soins de confort dont ils n’ont pas vraiment besoin »

Faux. La CMU est très restrictive.

Capture2bis-b6fb5.png6-3) « Grâce aux bons CAF, les enfants des familles défavorisées ont un accès normal à la culture, au sport, etc. »

Oui et non. Ces aides sont appréciables, mais elles nécessitent un financement complémentaire plus ou moins important par les familles. Et il faut anticiper les besoins pour faire les demandes à temps.

Capture1-52daf.png6-4) « Grâce à la CMU, à la CMUC et à l’ACS, tout le monde bénéficie d’une protection santé satisfaisante. »

Faux. En 2008, 1,5 million de personnes sur les 6 millions de bénéficiaires potentiels ne disposaient pas de la CMU (couverture maladie universelle). Au 31 décembre 2010, une étude du Fonds CMU estimait que le nombre de personnes n’ayant pas recours à la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) était de plus de 20%. Pour l’aide à l’acquisition d’une complémentaire santé (ACS), le taux de non-recours est 80%. Par ailleurs, en 2008, 22 % des bénéficiaires de la CMU-C déclaraient avoir renoncé à certains soins pour des raisons financières au cours des 12 derniers mois (source : Boisguérin, Després, Dourgnon, Fantin, Legal, 2010, Étudier l’accès aux soins des assurés CMU-C, une approche par le renoncement aux soins, In Santé, soins et protection sociale en 2008. Paris : IRDES, 2010/06, 31-40).

Capture3-a6ea6.png6-5) « Pour ce qui est de l’espérance de vie en France aujourd’hui, nous sommes relativement égaux. »

Faux. À la fin des années 1990, un ouvrier ayant 35 ans vivra encore en moyenne 39 ans, un cadre 46 ans et un chômeur 28 ans. Ces inégalités d’espérance de vie sont croissantes en France (source : Monteil C., Robert-Bobée I., 2005, Les différences sociales de mortalité : en augmentation chez les hommes, stables chez les femmes, INSEE Première, 1025).


7) Sur le placement des enfants

Capture2bis-b6fb5.png« Les enfants placés ont la chance de connaître une vie meilleure et de découvrir un autre milieu que le leur. »

Faux. Pour un grand nombre d’enfants et de parents, le placement est une solution qui crée des ruptures profondes alors qu’il pourrait souvent être évité. "Une personne sans domicile sur cinq a dû quitter le domicile de ses parents avant l’âge de 16 ans - proportion six fois plus élevée que dans le reste de la population" (source www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc…)

Capture1-52daf.png« Si on place les enfants, c’est à cause de la maltraitance. »

Faux. Les causes du placement d’un enfant d’une famille pauvre tiennent souvent aux conditions d’accès de la famille au logement, à la santé, etc. Des difficultés pourraient dans de nombreux cas être résolues par un soutien à la famille qui coûterait par ailleurs moins cher que la solution du placement. « Six milliards d’euros sont dépensés chaque année de façon empirique, sans que l’on cherche à contrôler les acteurs de la protection de l’enfance, ni à connaître l’efficacité de ces interventions » (rapport « La protection de l’enfance » de la Cour des comptes, octobre 2009).


8) Sur la fiscalité et les impôts

Capture3-a6ea6.png« Les pauvres ne paient pas d’impôts »

Faux. Le taux moyen d’imposition (impôts directs et indirects) des 10% les moins riches est d’environ 40%, celui des 0,1% les plus riches d’environ 37%, et celui des revenus moyens de 45 à 48% (source : calculs effectués par les économistes Saez, Landais et Piketty à partir des données INSEE). NB : pour les plus hauts revenus, les taux réels d’imposition sont souvent très inférieurs aux taux affichés, à cause des niches fiscales. Grâce à elles, une partie des plus hauts revenus échappe à une part de l’imposition.

Capture2bis-b6fb5.png« Les plus pauvres peuvent se faire exonérer de charges et d’impôts »

Oui, mais il faut effectuer beaucoup de démarches avant d’obtenir ces exonérations et il faut les renouveler régulièrement.


9) Sur l’immigration

Capture1-52daf.png9-1) « L’immigration augmente d’année en année en France »Faux. 

Capture3-a6ea6.png9-2) « Si on renvoyait les étrangers [1] dans leur pays, il y aurait moins de chômage en France » ou « Les étrangers prennent des emplois aux Français » ou « Ce sont les étrangers qui creusent le trou de la Sécurité sociale »

Faux. Globalement, la présence des populations de nationalité étrangère en France crée de la richesse et donc de l’emploi, grâce à l’apport de consommation, d’impôts et de cotisations (voir 9-6)). Les étrangers sont aussi consommateurs, ils créent une demande supplémentaire et des emplois. Les études montrent que les migrants arrivant créent leurs propres emplois. « En imaginant une augmentation de 10% du flux d’immigration au Royaume-Uni en 2007, le taux de chômage n’augmenterait alors que de 0,01 point au bout de 13 ans. » (Source).

Capture2bis-b6fb5.png9-3) « La France est un des pays d’Europe qui accueille le plus d’immigrés »

Faux. « Avec un taux d’accroissement naturel de 4 pour 1000 et un taux d’accroissement migratoire de 1 pour 1000, la France est le pays d’Europe dont la croissance démographique annuelle dépend le moins de l’immigration » (tableau 2 page 2 du document « Cinq idées reçues sur l’immigration », source INED pour l’année 2001). En 2010, la part des personnes immigrées sur la population totale s’élevait à : Autriche (16 %), Suède (14 %), Espagne (14 %), États-Unis (13 %), Allemagne (13 %), France (11 %) [2], Pays-Bas (10 %), Royaume-Uni (10 %), Belgique (9 %), Italie (7 %) (source INED).

Capture1-52daf.png9-4) « Les familles immigrées font beaucoup plus d’enfants que les familles françaises natives »

Pas tant que cela. « Dans la période 1991-1998, le nombre moyen d’enfants par femme était de 1,65 pour les seules françaises natives. Les femmes immigrées avaient en moyenne 2,2 enfants (source document « Cinq idées reçues sur l’immigration », INED, 2004)

Capture3-a6ea6.png9-5) « La France accueille toute la misère du monde » (sous-entendu : « Ce sont les populations les plus pauvres qui immigrent en France »)

Faux. « Dans l’ensemble, les migrants représentent par rapport aux non-migrants de la société d’origine une population sélectionnée : en meilleure santé, plus instruite, plus entreprenante, dotée d’un minimum de ressources » (source document « Cinq idées reçues sur l’immigration », INED, 2004). La part des immigrés diplômés de l’enseignement supérieur est passée de 12 à 25% entre 1990 et 2007. La moyenne nationale est de 29% (Insee et ici).

Capture2bis-b6fb5.png9-6) « L’immigration coûte 48 milliard d’euros à la France en prestations sociales »

Vrai. Mais elle rapporte 60 milliards d’euros en impôts et cotisations sociales chaque année (source ministère de la Santé et des affaires sociales et étude de l’université de Lille-II de juillet 2010, voir ). La population immigrée est en moyenne plus jeune et en bonne santé que les autres habitants de la France. Or dans les prestations sociales la maladie pèse 47% et la retraite 31% (les autres dépenses étant les allocations chômage, le RSA, les allocations logement et les allocations familiales). La population immigrée est donc une chance pour aider au paiement de nos retraites.
En moyenne, la contribution nette de chaque immigré (différence entre ce qu’il verse et ce qu’il reçoit en impôts et cotisations sociales) est de l’ordre de 1500 € par an.
Voir "Migrations et protection sociale : étude sur les liens et les impacts de court et long terme" (ministère de l’Emploi, 2010), ainsi queici ("En l’absence de l’immigration, le besoin de financement de la protection sociale en France augmenterait de 2 points de Produit Intérieur Brut (PIB)".
Bien sûr, l’apport de l’immigration à notre pays ne se limite pas à cet aspect comptable. Il est aussi et surtout humain, culturel, scientifique, artistique, etc.

Capture1-52daf.png9-7) « Les étrangers peuvent profiter facilement des minima sociaux. »

Faux. Il faut être en possession d’un titre de séjour et d’une carte de travail depuis au moins cinq ans pour bénéficier du RSA si on est natif d’un pays extérieur à l’Union européenne.

Capture3-a6ea6.png9-8) « Les étrangers augmentent la délinquance »

Faux. 12,7% du nombre de condamnés sont étrangers (source : ministère de la Justice), alors qu’ils représentent environ 8% de la population de la France (voir 9-3)). L’écart n’est pas si important que veulent le faire croire certains hommes politiques.


10) Sur l’école

Capture2bis-b6fb5.png« Ce n’est pas à l’école de régler tous les problèmes de la société »

Vrai et faux. La loi d’orientation sur l’école de 2005 dit : « La scolarité obligatoire doit au moins garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition d’un socle commun constitué d’un ensemble de connaissances et de compétences qu’il est indispensable de maîtriser pour accomplir avec succès sa scolarité, poursuivre sa formation, construire son avenir personnel et professionnel et réussir sa vie en société. » Cela dit bien que le rôle de l’école n’est pas seulement de transmettre des connaissances, mais aussi de permettre aux élèves de se construire des compétences, dont celle de pouvoir vivre avec d’autres différents de soi.
Elle doit aussi permettre à tous d’acquérir ces connaissances et compétences. Mais on constate qu’elle peine à atteindre ces objectifs et à réduire les inégalités sociales, dans la mesure où l’échec et la réussite scolaire sont de plus en plus liés à l’origine sociale. En réalité, le fonctionnement actuel de l’École en France vise aussi un objectif non déclaré : sélectionner les meilleurs élèves qui s’orienteront ensuite vers des études supérieures et les postes de responsabilité.

Capture1-52daf.png« Dans les familles pauvres, les parents sont démissionnaires et se désintéressent de l’école »

Faux. Les parents défavorisés ont souvent peur de l’école car ils sont marqués par leur échec d’enfant. Par ailleurs, 80% des mères non-diplômées s’estiment dépassées pour aider leurs enfants dans leurs études au collège, contre 26% seulement des mères diplômées de l’enseignement supérieur (source INSEE, « L’aide aux devoirs apportée par les parents », 2004).
Mais le lien entre pauvreté et échec scolaire n’est pas fatal : il est moins élevé dans la plupart des autres pays développés qu’en France, et très faible dans des pays comme le Canada, la Finlande, le Japon ou la Chine (source étude PISA).

Capture3-a6ea6.png« Heureusement que l’école est là pour corriger certaines inégalités sociales ! »

Faux. En France, l’impact du milieu social sur la réussite ou l’échec scolaire est plus grand que dans beaucoup d’autres pays, et il grandit au fil des années. En 2009, plus de 75% des élèves dont les parents sont cadres ou professions intellectuelles ont obtenu le bac général, contre 33% pour les enfants d’ouvriers et 41% des enfants d’inactifs (rapport CESE sur les inégalités à l’école) ; le pourcentage de variation de performance des élèves, en lecture expliqué par le milieu socio économique est de 17% pour la France bien au dessus de la moyenne de l’OCDE (14%), le double de la Finlande du Canada ou du Japon (rapport CESE).

Capture2bis-b6fb5.png« Si les enfants pauvres réussissent moins bien à l’école, c’est qu’ils ne travaillent pas »

Faux. Les causes sont plus complexes que cela. Par exemple, « le niveau de diplôme des parents (particulièrement celui de la mère) et, de manière plus globale, les possibilités d’encadrement de la scolarité par les familles revêtent une importance au moins aussi grande que leur situation socio-économique » (rapport CESE).

Capture1-52daf.png« Les enfants d’immigrés sont plus en échec scolaire que les autres. »

Faux. C’est la pauvreté qui la plus grande cause d’échec scolaire et non pas l’immigration. À niveau social égal, les descendants d’immigrés ne sont pas en moyennes plus touchés par l’échec scolaire que le reste de la population (CESE).

Capture3-a6ea6.png« La mixité sociale dans les écoles nuit à la réussite scolaire. »

Faux. Lorsque l’on met en oeuvre une pédagogie adaptée, les résultats scolaires de tous s’améliorent, comme le montrent les expériences de plusieurs établissements scolaires (voir l’exemple des écoles Anne Frank et Hélène Boucher à Mons-en-Baroeul, celui du collège La Durantière à Nantes – Feuille de route sept/oct. 2011 –, celui du collège Évariste-Galois à Nanterre – Feuille de route novembre 2011 –, etc.).
Par ailleurs, l’école ne doit-elle pas préparer les enfants et les jeunes à vivre ensemble dans le respect des différences ?


11) Sur les Roms

Capture2bis-b6fb5.png« Les Roms ne veulent pas travailler. »

Faux. C’est le contraire : tout est fait en France pour que les Roms de Roumanie et de Bulgarie n’aient pas le droit de travailler : une « période transitoire » les empêche d’avoir les mêmes droits que les autres européens avant fin 2013. Pour travailler, ils doivent disposer d’une autorisation de travail. Les délais d’obtention sont de 3 à 6 mois à partir d’une promesse d’embauche à temps plein. Le plus souvent, l’employeur (qui doit en plus payer la taxe dûe à l’OFII – Office Français pour l’Immigration et l’Intégration – pour l’embauche d’un étranger) ne peut attendre la réponse et embauche quelqu’un d’autre.
Le 26 octobre 2009, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) a demandé au gouvernement qu’il mette fin à cette période transitoire, ainsi que la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), dans un avis adopté le 22 mars 2012.

Travail réalisé par ATD Quart Monde et la MRIE, Mission Régionale d’Information sur l’Exclusion en Rhône-Alpes.

PDF - 1.4 Mo

 

[1] Dans la définition de l’ONU, un immigré est une personne née en dehors du territoire concerné. Cela inclut donc les Français nés à l’étranger. En réalité, dans le sens commun adopté par l’INSEE, un immigré est une personne née étrangère à l’étranger.

[2] En incluant les Français nés à l’étranger, comme l’ONU le préconise dans ses calculs. La part des immigrés de nationalité étrangère s’élève à 8% (chiffre présenté par l’INSEE).

Source ATD Quart Monde 

 

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 08:50

 

 

Nathalie Loubeyre est réalisatrice. Elle revient aujourd’hui de Patras (Grèce), où elle tourne un film sur la politique européenne de « maîtrise des flux ».

 

À l’heure où la « bêtise systémique » qui gouverne le monde menace sa propre survie, où le projet européen dévoile son vrai visage, antidémocratique et inégalitaire, où se profile une forme de « fascisme financier » dont les institutions européennes sont le fer de lance, il est une réalité dont personne ne parle ou presque. Pourtant, elle dessine bien plus sûrement que d’autres le visage de cette Europe en marche vers le pire.


Cette réalité, tout le monde la connaît, mais nous sommes très peu à la voir. Tout le monde en voit des images, mais très peu en prennent la véritable mesure. Pourtant, elle n’est pas difficile à observer de visu, pour qui s’en donne la peine. Car même si elle se joue souvent loin des regards, elle se donne néanmoins à voir en de nombreux endroits du territoire de l’Europe, inhumaine, coercitive et violente.


Pourtant, en dehors des « initiés », militants associatifs, politiques ou religieux, qui se démènent comme ils peuvent pour la combattre ou soulager les souffrances qu’elle génère, elle n’arrive à provoquer dans le grand public qu’une grande indifférence ou, au mieux, une indignation passagère, une déploration convenue, une résignation presque complice.


Moi, je l’avais déjà touchée du doigt (ou plutôt de la caméra) en 2008, à Calais [1]. J’avais vu et filmé des hommes, des femmes et des enfants venus en Europe pour échapper à leurs destins de misère, d’arbitraire ou de violence, considérés sur notre sol comme indésirables, laissés dehors sans protection, harcelés par la police. À mon retour, j’avais ressenti ce terrible décalage entre mon indignation et le peu d’écho qu’elle rencontrait auprès de mes concitoyens, même les plus avertis, semble-t-il résignés au pire. J’avais constaté l’impuissance des mots, voire des images, à faire partager les choses éprouvées. J’avais connu cette interrogation anxieuse qui taraude : quelle est la vision juste ? Celle qui s’est frottée au réel et qui pressent l’ampleur du crime ? Ou bien celle qui, à l’abri des écrans et des écrits, peut relativiser ? Le temps a passé et fait son œuvre sinon d’oubli, du moins de mise à distance. J’ai monté le film, je l’ai accompagné, toute une année durant, dans toute la France, j’ai participé à des débats, j’ai inlassablement témoigné.


Je reviens aujourd’hui de Patras, où je tourne un nouveau film, et ma colère est plus grande encore. Mon sentiment que le pire est à l’œuvre, dans cette Europe qui décline, est décuplé. Car je l’ai revue de près, cette hideuse réalité qui indiffère tellement mes concitoyens, occupés aujourd’hui par la crise, avec son cortège légitime d’angoisses individuelles, d’indignations et de révoltes collectives. Je l’ai vu de nouveau, ce miroir tendu sur ce que nous sommes devenus et qui m’avait tellement ébranlée. J’y ai vu des hommes et des enfants venus d’Afghanistan, du Soudan, d’Érythrée, et d’autres zones de conflits pourtant reconnues, empêchés de faire-valoir leur droit à l’asile. Je les ai vus survivre comme des chiens dans une immense usine désaffectée, dangereuse, envahie d’immondices et de rats.


Des hommes courageux, déterminés, souvent éduqués, parfois même bardés de diplômes, en guenilles, sales, réduits depuis des mois, parfois même des années, à fouiller les poubelles pour se nourrir, à boire de l’eau non potable pour ne pas mourir, à charrier de lourds bidons sur des centaines de mètres pour pouvoir se laver et se faire à manger, à dormir dans des trous pour échapper aux rafles. J’ai vu des pères de famille, des maris empêchés de rejoindre leur femme, leurs enfants restés en Angleterre alors qu’ils avaient été rejetés sur les routes par des décisions administratives absurdes ou criminelles. Ils passaient leurs soirées dans un cybercafé, sur Skype, pour maintenir vaille que vaille avec leur famille les liens qui s’effilochent, mois après mois, année après année. J’ai vu un jeune homme devenu mutique détruire chaque soir la flûte qu’il avait fabriquée la journée. J’ai vu un enfant descendre en rappel la façade de l’usine où il survit pour échapper à la police.


La situation à Patras est pire encore qu’à Calais. D’abord parce que ces réfugiés n’ont aucune chance d’obtenir l’asile. En vertu du règlement européen dit de « Dublin II », la Grèce est le seul pays où ils sont autorisés à le demander, mais, aujourd’hui saturée et à genoux, elle en accorde très peu. Ensuite parce qu’ils y sont prisonniers, la Grèce n’ayant pas de frontière avec le reste de l’espace Schengen, sinon la mer. (Et les frontières du reste de l’Europe sont très bien gardées.) Enfin, parce qu’ils n’ont aucune chance de survivre dignement, même dans l’illégalité à laquelle ils sont acculés. La crise qui secoue si durement le pays les a privés des petits boulots au noir grâce auxquels ils survivaient. Les associations ou ONG qui tentent de les aider, aujourd’hui privées de moyens ou tout simplement débordées, sont incapables, malgré leur bonne volonté, d’assurer une aide humanitaire minimum.


Le piège s’est refermé sur ces hommes, qui ont pour beaucoup vécu le pire chez eux, au Darfour, en Afghanistan ou en Érythrée. Ils ne peuvent y retourner, sont sans espoir d’être régularisés, sans moyen de subsister dignement et sans possibilité de sortir de ce pays. La perspective d’une vie normale et digne s’est évaporée pour toujours.


De la frontière turque, relativement facile à traverser, il en arrive tous les jours un peu plus, affluant de contrées hostiles, papillons affolés attirés par la flamme à laquelle ils vont se brûler. Ils sont donc tous les jours un peu plus nombreux, abandonnés de presque tous, condamnés à une vie de parias, ignorés, voire rejetés par une grande partie de la population locale. Ils sont acculés à une vie quasi animale faite de lutte quotidienne pour la survie, mais aussi d’humiliations et de violences policières. Depuis les résidences voisines de l’usine où ils survivent, des gens leur tirent dessus avec du plomb de chasse. Les policiers débarquent régulièrement, brûlant les maigres affaires, pourtant vitales, qu’ils ont pu accumuler : couvertures, vêtements, ustensiles de cuisine. Certains sont arrêtés, emmenés à Athènes puis relâchés, ce qui les oblige à revenir parfois à pied, faute d’argent pour payer un billet de train ou de car. À l’heure où les camions traversent la ville pour embarquer sur les ferries vers l’Italie, Patras grouille d’ombres noires qui se glissent sous les camions arrêtés aux feux rouges, pour se cacher sous les essieux et tenter d’embarquer. Un spectacle auquel les habitants de Patras, blasés, ne s’attardent plus.


De nombreux camionneurs, les apercevant dans le rétroviseur, leur reculent dessus pour s’en débarrasser. La veille de notre arrivée, un migrant est mort écrasé. Quand ils sont découverts, aux contrôles du port, la police les bastonne violemment et ils sont mordus par les chiens dressés pour les débusquer. Quelques-uns, très peu, finissent par réussir, après des mois, parfois des années, de tentatives quotidiennes, échappant ainsi à ce vaste camp de rétention à ciel ouvert, sans gardiens ni barbelés, mais redoutablement bien fermé, que la Grèce est devenue. Lorsqu’ils arrivent en Italie, ils sont chargés d’appeler les autres, histoire d’entretenir un espoir qui a tellement de mal à subsister.


Aujourd’hui le pays parle de se lancer dans un vaste plan de construction de centres de rétention. Une trentaine sont prévus sur tout le territoire, qui seraient financés par l’Europe. Les arrestations ont commencé, pour « nettoyer » Athènes et remplir le premier d’entre eux, aménagé dans une ancienne caserne militaire. La prison à ciel ouvert va donc peut-être se transformer en prison fermée. La Grèce en crise va peut-être finalement trouver un nouveau débouché : l’industrie de la rétention administrative, dûment appointée par l’Europe. Quelques milliers d’emplois en perspective, n’en doutons pas. Même si nul ne sait ce qu’il adviendra des « retenus » une fois le délai de rétention maximum dépassé (renvoyés chez eux ? Rejetés à la rue ?), d’aucuns pourront penser qu’au moins pendant leur rétention ces hommes, ces femmes et ces enfants seront nourris, vêtus, soignés.


C’est sans connaître les conditions de rétention en Grèce, qui ont déjà été dénoncées par de nombreuses ONG. Un logisticien de Médecins du monde, qui leur rend régulièrement visite et que j’ai interviewé, parle de corps si entassés dans les cellules qu’il peut à peine les approcher sans marcher sur les uns ou les autres. Il raconte l’absence de promenade, le repas unique, l’odeur pestilentielle parce que la cellule ne peut jamais être vidée et donc lavée ou désinfectée, les maladies de peau, les affections respiratoires qui prolifèrent, la loi du plus fort qui s’installe pour vendre aux plus faibles la place pour se coucher ou la nourriture abandonnée par les gardiens à l’entrée de la cellule.


Cette situation en Grèce est connue, puisque la Cour européenne des droits de l’homme, statuant sur une affaire individuelle en janvier 2011, a déclaré que la Grèce violait les droits de l’homme d’un réfugié en le détenant dans des conditions inhumaines et en le laissant sans abri. À la suite de cette décision, certains pays ont d’ailleurs suspendu ou limité les renvois en Grèce exigés par les accords de Dublin (l’Allemagne, la Belgique, la Hollande, les pays scandinaves, le Royaume-Uni, par exemple, mais pas la France).


Mais quid des migrants qui y sont coincés depuis des mois, parfois des années, et pour longtemps encore sans doute et dont les droits sont tout aussi bafoués ? Ils sont environ 900, rien qu’à Patras, des dizaines de milliers ailleurs dans le pays. Personne en Europe ne semble s’en soucier, comptant sans doute qu’ils s’extraient par eux-mêmes, au prix d’années de souffrances et au risque de leur vie, de cet enfer où ils sont tombés. Et quid des renvois en Afghanistan, exécutés par la Grande-Bretagne, contre toutes les conventions internationales ? Un charter par semaine ! Les renvoyés n’ont alors d’autre option que de repartir et de finir de nouveau coincés à Patras, un jour ou l’autre. Lire la suite sur Politis

 

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 08:46

 

Parmi les nombreuses questions actuellement débattues dans l’espace public grec, une a particulièrement retenu mon attention. On parle de plus en plus d’un scénario à la « Weimar » qui pourrait survenir dans les mois à venir en Grèce. La république allemande de l’entre deux-guerres avait suscité l’émergence du nazisme faute d’avoir su instaurer un régime politique stable. A la source de ce débat, la montée en puissance du parti néo-nazi Chryssi Avghi (« l’aube dorée »).


Très bas dans les sondages jusque février, où le parti n’apparaissait même pas dans les enquêtes, Chryssi Avghi a dépassé début mars les 3% nécessaires pour entrer à l’assemblée. Il est aujourd’hui crédité d’environ 5% d’intentions de vote.


Méconnu du grand public, ce parti qui n’était à l’origine qu’une organisation très fermée, a été créé à la fin des années 70 par une grande figure de l’extrême droite grecque, Nikolaos Michaloliakos. Il s’était fait remarquer dès le début des années 1970 pour sa participation à des actions nationalistes violentes, ce qui lui coûtera deux condamnations de prison ferme. Ce sera l’occasion pour lui de rencontrer les  « coup-d’étatistes » de 1967. C’est à la sortie de son 2e séjour qu’il publiera le premier numéro du journal Chryssi Avghi, et créera l’organisation qui fait actuellement trembler la Grèce.


La véritable entrée de Chryssi Avghi dans le monde politique a lieu durant les élections municipales de novembre 2010 au cours desquelles N. Michaloliakos est élu conseiller municipal d’Athènes avec 5.3% des voix autour du slogan « Pour refaire d’Athènes une ville grecque » (Να ξαναγίνει η Αθήνα ελληνική). Ce sera l’occasion pour la Grèce de découvrir ce parti très secret. Il ne faudra pas attendre longtemps : peu après son élection Michaloliakos se fait remarquer au conseil municipal en effectuant un salut nazi.


Pour se refaire une crédibilité, Chryssi Avghi a tenté d’enterrer les textes écrits par son chef dans les premières années de l’organisation. Le quotidien Ethnos a mis la main sur une archive daté de mai 1987 intitulé « Hitler pour mille ans ». Il est écrit : « Le 30 avril 1945, une resplendissante page de l'histoire contemporaine se ferme. Le grand homme du XXe siècle, l'animateur et l'apôtre de la révolution de la croix gammée est mort. 1945, tous ceux qui ont cru en l’idéal de la révolution national-socialiste se sentent glacés, se sentent hésitants face à l’avenir, un avenir sans sa présence et ses conseils ». Terminant sur un « HEIL HITLER » ce texte est signé par Michaloliakos, actuel président de l’organisation. Le logo de l'organisation, « le méandre », motif grec très utilisé, ressemble d’ailleurs étrangement à la croix gammée. Il symbolise la bravoure et la lutte perpétuelle.


Hitler, Hess, Metaxas, Papadopoulos, les références ne laissent aucun doute possible. Autre référence, plus incongrue celle-ci : Lucifer, qui est d’ailleurs à l’origine du nom du parti « L’aube dorée » (« fosforos » en grec ancien signifie « celui qui apporte la lumière »).


Sur les questions religieuses, l’idéologie du parti semble particulièrement confuse. Michaloliakos a personnellement beaucoup écrit sur Lucifer, le paganisme et même la magie médiévale. Il semble en outre passionné de Grèce antique, faisant souvent référence aux 12 dieux de l’Olympe. L’organisation du parti suit d’ailleurs le modèle des phallanges spartiates. Et alors même qu’il est précisé dans leur programme qu’ils comptent « promouvoir le caractère national de l’Eglise », Michaloliakos accuse personnellement dans ses ancients écrits l’église chrétienne d’avoir provoqué « 20 siècles d’obscurantisme ».


Chryssi Avghi est en quelque sorte porteur de l’héritage dictatorial basé sur une mouvance nationaliste qui n’a jamais accepté les pertes de territoires non annexés à l’Etat grec, mais où vivaient et vivent encore des grecs. Cette mouvance considère de manière générale la « race grecque » comme supérieure, elle ne doit donc pas se mélanger, ni se laisser abattre par les autres races inférieures.


Il est difficile de comparer cette organisation politique avec une quelconque autre en France ou dans n’importe quel autre pays européen. Le phénomène Chryssi Avghi correspond à un état d’esprit  greco-grec qui mélange plusieurs éléments parfois contradictoires. Lire la suite sur Médiapart

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 08:45

 

 

Les crises politiques provoquées par les plans d'austérité qui fleurissent après la crise grecque se multiplient en Europe. Alors que le chômage approche la barre des 25% en Espagne, Standard & Poor's vient d'abaisser de deux crans sa notation sur ce pays. Les Pays-Bas ont trouvé un accord parlementaire sur le budget de rigueur de 2013 mais la crise débouche sur des législatives anticipées à l’automne. En Roumanie, le gouvernement est tombé ce vendredi 27 avril suite à une motion de censure.

 

En Espagne, Mariano Rajoy et son exécutif de droite n'on plus de marge de manoeuvre. Ils ont déjà annoncé, le mois dernier, des économies budgétaires importantes, qui affectent surtout les investissements dans les infrastructures. Les salaires des fonctionnaires seront également gelés, tout comme les prestations chômage et les bourses. Et pourtant, l'exécutif de Madrid a dû négocier avec Bruxelles un déficit des finances publiques plus important que celui prévu initialement.

 

Standard & Poor's abaisse désormais la note de l'Espagne de A à BBB+, soit deux crans de moins, avec une perspective négative. Et le responsable Europe de l'agence de notation financière expliquent que c'est la situation des banques espagnoles qui pèse sur la conjoncture.

 

De toute façon, Madrid devra probablement payer plus cher ses besoins de financement, ce qui va aggraver la dette publique du pays. Par ailleurs, les Espagnols, fortement touchés par le chômage et qui ont manifesté en masse le mois dernier contre l'austérité, risquent de ne pas pouvoir supporter davantage de sacrifices.

 

Pays-Bas : des élections anticipées malgré un accord sur la rigueur

 

Aux Pays-Bas l'accord trouvé in extremis au parlement sur le budget 2013 ne changera pas grand-chose à la crise politique.

 

Les deux partis de la coalition gouvernementale, les libéraux du Premier ministre démissionnaire Mark Rutte et les chrétiens-démocrates, ont finalement réussi à faire passer le budget de rigueur pour 2013, avec le soutien de trois petits partis de l'opposition, dont les centristes et les écologistes. Les cinq partis se sont mis d'accord sur une augmentation de la TVA, une réduction du budget de la Santé et le gel du salaire de certains fonctionnaires.

 

Mais la crise est déjà consommée, elle débouchera sur des élections législatives anticipées au mois de septembre. En cause, le parti d'extrême droite de Geert Wilders, qui a retiré son soutien à l'exécutif néerlandais. Ironie du sort, le gouvernement tombe aux Pays-Bas sur une mésentente autour d’un plan de rigueur, alors que ce pays se montrait très critique à l'égard des pays du Sud de l'Europe, qu'il accusait de laxisme et qu'il rechignait à aider.

 

Roumanie et République Tchèque: des gouvernements fragilisés

 

En Roumanie et en République Tchèque l'exécutif, toujours de centre-droit, était confronté le même jour à une motion de censure contre sa politique de rigueur. Le gouvernement roumain de Mihai Razvan Ungureanu est tombé. Le Premier ministre aura passé moins de trois mois à la tête du gouvernement. Et son prédécesseur avait perdu son poste après une longue suite de manifestations de la population, en colère contre les mesures d'austérité. Lire la suite sur RFI 

 

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29 avril 2012 7 29 /04 /avril /2012 08:44

 

 

Dans un entretien (Le Monde du 17 avril), Martin Hirsch, l'ancien haut-commissaire aux solidarités actives, "inventeur" du revenu de solidarité active (RSA) - et fossoyeur du revenu minimum d'insertion (RMI) -, dit souhaiter qu'un nouveau gouvernement étende le RSA à l'ensemble des travailleurs pauvres. Nous pensons au contraire que la page de cette malheureuse expérience doit être tournée. Près de trois ans après son entrée en vigueur, les effets négatifs de cette réforme sont patents.

 

D'une part, avec un montant d'allocation forfaitaire inchangé, le RSA a fait la preuve de son incapacité à répondre à l'exigence constitutionnelle d'apporter "des moyens convenables d'existence" aux personnes privées de revenus d'activité et de ressources (RSA socle). D'autre part, en raison de l'ampleur d'un phénomène de non-recours pourtant prévisible, il a démontré son inefficacité en matière d'attribution du complément de revenus aux travailleurs pauvres (RSA activité), laissant inemployés près de 3 milliards d'euros sur le Fonds national des solidarités actives.

 

La substitution du RSA au RMI a constitué, dès l'origine, une mauvaise réforme qui a fait basculer dans l'aide sociale les travailleurs pauvres au prix d'une bureaucratisation accrue de la gestion des dossiers. Clinquante comme un slogan de campagne ("Travailler plus pour gagner plus"), cette réforme est surtout celle des occasions manquées.

 

Si l'on compare le montant du RSA socle à celui du RMI, rien n'a changé : 475 euros par mois pour une personne seule sans ressources. Malgré les promesses, l'offre de formation et l'accompagnement - insuffisants - n'ont pas été améliorés. Si les personnes trouvant un emploi à temps partiel ont gagné le droit de cumuler à perpétuité leur salaire avec une allocation, en contrepartie le gouvernement a gelé le barème de la prime pour l'emploi (PPE), dont le montant a été depuis 2008 grignoté par l'inflation. Plus de 8 millions de personnes bénéficiant de la PPE, c'est-à-dire pour l'essentiel les salariés gagnant entre 1 et 1,6 smic à plein-temps (entre 1 000 et 1 600 euros net par mois), ont ainsi vu leur pouvoir d'achat amputé chaque année grâce à la réforme Sarkozy-Hirsch. Tout cela en prétendant revaloriser le travail !

 

Quémandeurs d'une aide sociale Lire la suite sur Le Monde 

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 14:00

 

 

La crise que connaît la Grèce depuis 4 ans, au lieu de reculer à coups de plans d’austérité et de prêts des milliards, s’aggrave. Nous souhaitons livrer ici un témoignage sur les mesures d’austérité prises à l’autel de la dette (1), les conséquences dramatiques déjà constatées en termes économiques, politiques et humains (2) et les réactions citoyennes de résistance (3) avant de dresser un rapide bilan (4).

1. LES MESURES D’AUSTERITE

Les mesures imposées par la troïka (BCE, FMI, Commission européenne), présentent maintenant quotidiennement en Grèce, avec la complicité des principaux partis politiques grecs ont visé tour à tour : les biens et les services publics, les fonctionnaires, les salariés du privé, les retraités, les jeunes et les malades.

LES BIENS ET SERVICES DE L’ETAT

Vague de privatisation des services publics (EDF, Téléphonie, Transports ) et de cessions des biens publics à des groupes étrangers. Un vaste plan de cession est prévu pour trouver 50 milliards d’euros jusqu’à 2017.
Sont concernés, parmi d’autres :

  • des concessions autoroutières,

  • la compagnie des eaux de Thessalonique (la seconde ville du pays),

  • des aéroports,

  • une douzaine de ports commerciaux capables d’accueillir des ferries;

  • 850 ports régionaux; une quinzaine de marinas, la plus importante mine de nickel d’Europe, avec un port adjacent; des opérateurs de croisières maritimes,

  • des compagnies de traitement des déchets,

  • l’ancien aéroport d’Hellinikon,

  • la compagnie nationale du gaz et 35% de la plus importante raffinerie pétrolière du pays ;

  • 49% de la société nationale des chemins de fer, 39% de la poste hellénique. La participation de l’Etat sera plafonnée à 34%.
    Des potentiels acheteurs :

  • la Chine (qui a déjà obtenu la concession du port de Pirée pour 35 ans),

  • l’Allemagne qui exploite déjà l’aéroport international d’Athènes (depuis 1996 jusqu’en 2025),

  • l’Inde, la Russie, la Turquie. La France n’est pas en reste :

  • l’entreprise française Veolia s’intéresse à la distribution de l’eau à Athènes (affaire florissante) et l’EDF au gisement sousmarin de gaz de Kavala.

LES SALARIES

Haro sur les fonctionnaires : S’il y a une hypertrophie incontestable de fonctionnaires (750 000 personnes, soit près de 15 % de la population active), la brutalité et le mode de licenciements ont été violents.

Des licenciements collectifs de fonctionnaires :

  • 4 000 en automne 2010 ;

  • 15 000 fonctionnaires, en automne 2011, sous forme d’affectation à la “réserve de la fonction publique », un mode inventé de mise au chômage technique, avec amputation de leur salaire de 40 % pendant 1 an avant d’être mis d’office à la retraite, mutés ou tout simplement licenciés.

  • 150 000 fonctionnaires vont être licenciés d’ici à 2015.

Aux licenciements, s’est ajouté :

  • la baisse de salaire de 15% ;

  • la suppression du 13e mois et des primes de fin d’année ;

  • la ponction, en 2010, à la source d’un impôt de solidarité nationale. D’ailleurs, de nouvelles vagues de licenciements de fonctionnaires sont programmées.

Attaques contre des salariés du privé vers un appauvrissement et asservissement au nom de la compétitivité avec le tiers monde comme remède imposé par Madame Merkel pour relancer l’économie grecque !

La troïka a imposé, en février 2012, au premier syndicat grec, la GSEE,

  • une baisse du SMIC de 22% et de

  • 10% supplémentaire pour toute nouvelle embauche. Il est passé de 741 brut à 586 € (489 € net).

  • Pour les moins de 25 ans, la réduction est de 30%, passant à 527 € brut (440 € net). Alors que Georges Papandréou, premier ministre en octobre 2011, avait refusé la baisse demandée par le FMI à 750 euros en disant : « On ne va pas transformer la Grèce en Inde. »

Dans ce même objectif, celui de la compétitivité, a été imposé par la troïka en février dernier le non renouvellement des actuelles conventions collectives de travail au moment de leur expiration, afin de rendre le marché du travail flexible et bon marché. Cette mesure vise la primauté du contrat sur la loi permettant aux employeurs de négocier les salaires à la baisse et de faciliter les licenciements. Premier exemple de l’efficacité de cet appât : l’Air méditerranée a commencé sa délocalisation en Grèce.

Les retraites n’ont pas échappé à cette attaque organisée contre le droit social. De la même manière que les salaires des fonctionnaires, les retraites ont subi des diminutions successives.

  • En 2010, les retraites du secteur public ont été réduites de 10 % et

  • celles du privé de 7 % ; en 2011,

  • les retraites supérieures à 1 200 euros par mois ont encore été réduites de 20 %. Il est estimé que les travailleurs en matière de droits et de rémunération sont à des niveaux semblables à ceux des années 1950.

DE NOUVEAUX IMPOTS

A part l’impôt de solidarité nationale imposé aux fonctionnaires, en 2011, d’autres formes d’impôts ont été créées :

  • Impôts fonciers qui, faute de cadastre, a été inclus cet hiver sur les factures d’électricité accompagné du chantage de coupure d’électricité en cas de non paiement ;

  • Impôts sur les voitures, les bateaux, les piscines ;

  • Taxe sur la « tête » : chaque personne a dû payer un impôt indépendamment de ses biens et ressources ;

  • Le seuil minimum imposable a été ramené à 5 000 euros.

  • La TVA est passée de 19 à 23 %

LES COUPES DANS LE SYSTEME DE SANTE ET D’EDUCATION

  • Déremboursement de certains soins et médicaments.

  • Coupes budgétaires dans les subventions aux hôpitaux.

  • Mise à contribution des assurés : ticket minimum de 5 euros pour l’accès aux soins dans les hôpitaux.


A noter que les prix de consultation des médecins de ville sont équivalents à ceux pratiqués à Paris.
L’Eglise a créé ses propres centres de soins mis à la disposition gratuitement des personnes malades et sans ressources. En revanche, l’Eglise n’est toujours pas imposable ni les armateurs, alors que les prêtres en Grèce sont des fonctionnaires de l’Etat !!!

Des projets de réforme des universités et centres de recherche sont avancés visant leur regroupement et donc la fermeture de certains ; ils n’ont pas encore été mis à exécution face à l’opposition des directeurs de ces établissements.

2. LES CONSEQUENCES DESASTREUSES

Les conséquences désastreuses de la politique d’austérité n’ont pas tardé à apparaître tant sur le plan économique que sur le plan humain.

RECESSION DE L’ECONOMIE

  • Destruction des emplois,

  • fermeture de petites entreprises,

  • des licenciements,

  • des difficultés d’accès au crédit aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers.

  • Diminution importante du pouvoir d’achat alors que les prix de produits de consommation de première nécessité (pain, lait) ou encore l’essence, sont de prix équivalent (pain 0,74 la baguette) voire plus chers qu’en France (le litre de lait, est à 1,29€ et l’essence, sans plomb 95 est à 1,819€/L).


Les soi-disant plans d’aide de l’Europe et du FMI ne vont pas au soutien des entreprises et à l’investissement mais au remboursement de la dette, voire au remboursement seulement des intérêts de la dette.

APPARITION DE LA MISERE SOCIALE ET HUMAINE DANS LES RUES DES GRANDES VILLES

  • Apparition de la soupe populaire (assurée notamment par l’église) et présence des personnes bien habillées mais dépourvues d’argent pour s’alimenter ;

  • Augmentation spectaculaire du nombre de mendiants.

  • Mise en place d’un système d’aide alimentaire par tickets de rationnements, distribuée d’abord dans dix-huit établissements scolaires des quartiers populaires de l’agglomération athénienne.

  • Augmentation des maladies et des personnes non soignées.

AUGMENTATION DES SUICIDES : ACTES DE DESESPOIR ET ACTES DE RESISTANCE

Il est significatif de souligner que la Grèce qui, encore en 2009, était le pays qui avait le taux de suicide le plus bas de l’Europe (selon les statistiques du Ministère de la santé), a depuis connu une augmentation de 40%.
Avec des suicides qui ont marqué les esprits : comme

  • l’immolation d’une personne devant une banque qui lui avait refusé d’échelonné ses crédits, à Théssaloniki, en septembre 2011) ;

  • le suicide d’un couple de parents qui ne pouvaient plus assurer les frais médicaux de leur enfant qui souffrait de cancer ;

  • ou celui du retraité, Dimitris Christoulas, ex-pharmacien qui s’est tiré une balle à la tête, le 4 avril à la place de Syntagma.

MONTEE EN PUISSANCE DES SENTIMENTS NATIONALISTES ET DE L’EXTREME DROITE

L’extrême droite a pu participer au gouvernement « technique » : celui-ci a été composé du parti socialiste, de la droite et de l’extrême droite.

Mise en place des milices privées pour protéger les habitants des quartiers ayant une forte présence des personnes immigrées.

En projet, la création de 30 centres de rétention de capacité pour chacun d’eux de 1000 personnes gardées par 1000 autres personnes qui vont être spécialement recrutées pour ces postes. Un nouveau gouffre pour les finances publiques, de surcroît, à des fins de création d’une clientèle électoraliste (programmées pour le 6 mai 2012) comme les hommes politiques de tous bords en Grèce savent faire.

CREATION DES CORPS DE SECURITE NOUVEAUX.

Actuellement, un appel est en cours pour le recrutement, via les réseaux sociaux, des personnes à partir de 16 ans en vue de la création d’une « milice citoyenne ». Composée de volontaires (qui peuvent évoluer vers des postes rémunérés) et entraînés par des policiers et autres corps de l’armée, elle sera ouverte à des financements privés.
Son but : seconder la police et l’armée face à l’augmentation de la délinquance et des ennemis (non précisés).

DES ECOLES SANS MANUELS NI CANTINES

L’année scolaire 2011-12 a commencé et fonctionné pendant 3 mois sans manuels scolaires.
Et des cas de fermeture de cantines ont été signalés.

UN PAYS OU TOUT SE VEND, TOUT SE LOUE, TOUT SE BRADE

Commencée par les privatisations des services publiques,

  • la location des biens publics aux investisseurs cette « politique », si l’on peut encore l’appeler ainsi,

  • continue avec la location de la police nationale : possibilité de louer les humains (les policiers) et

  • le matériel. 30 euros à l’heure la location d’un policier !

CRISE POLITIQUE /CRISE DE DEMOCRATIE

Hold-up commis par le gouvernement bicéphale européen « Merkel-Sarkozy » sur le gouvernement grec :

  • Débarquement du gouvernement élu de Papandreou suite à sa déclaration de recourir à la consultation du peuple grec sur l’acceptation du énième plan d’austérité.

  • Remplacement par un gouvernement dit « technique » avec à sa tête un banquier, ex-employé de « Goldman et Sachs » qui, à ce titre, avait aidé les autorités grecques de l’époque pour « maquiller » ses comptes afin d’entrer dans la zone euros. Lire la suite sur Initiative Grecque à Paris 

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 13:59

 

 

Un millier de personnes ont manifesté mercredi 18 avril au soir à Rome sur la place du Panthéon, sous une pluie battante, pour protester silencieusement contre les suicides entraînés par la crise économique.

 

Plusieurs associations d'entrepreneurs et d'artisans du Latium, la région de Rome, et les principaux syndicats italiens (CGIL, CUISL, UIL, UGL) étaient rassemblés pour une manifestation "silencieuse" sur "les victimes de la crise" et "pour qu'il n'y ait plus de suicides".

 

Depuis le 1er janvier, le nombre des suicides entraînés par la crise s'élève à 23, selon le CGIA, syndicat d'artisans et de petits entrepreneurs. En 2010, 192 artisans et commerçants ont mis fin à leur jours, ainsi que 144 entrepreneurs et personnes exerçant une profession libérale, selon le rapport de l'institut de recherche Eures "Le suicide en Italie en temps de crise", publié mardi. Ce phénomène frappe majoritairement les chômeurs : 362 d'entre eux se sont suicidés en 2010, dont 272 venaient de perdre leur emploi. La suite sur Le Monde 


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La crise pousse des petits patrons italiens au suicide

 

Suicides et tentatives de suicide augmentent chez les petits entrepreneurs italiens. Depuis le début de l’année, 23 patrons ont mis fin à leurs jours.

 

Un réseau d’aide psychologique vient d’être mis en place à l’initiative d’un entrepreneur de la Vénétie, région qui concentre le plus de petites entreprises.

Étranglé par les dettes, un entrepreneur agricole qui travaillait dans la province de Trévise, Paolo Tonin, 53 ans, marié et père de quatre enfants, s’est pendu le 12 avril dans son hangar. Quarante-huit heures après, deux autres entrepreneurs mettaient fin à leurs jours, ce qui porte le nombre de suicides liés à des raisons économiques à 23, entre le 3 janvier et le 15 avril. 

Il s’agit uniquement d’hommes et 40 % d’entre eux travaillaient en Vénétie. Fin mars, un maçon, poursuivi pour ne pas avoir payé ses impôts, s’est immolé par le feu à Bologne, avant de décéder à la suite de neuf jours d’agonie, ce qui a créé un choc dans le pays. La suite sur La Croix

 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 13:58

 

 

Alors que chômage et sous-emploi ne cessent de progresser partout en Europe, la politique de l’emploi demeure la préoccupation légitimement première des français. Elle est à ce jour pourtant étrangement absente de la campagne pour la présidentielle. Absence tout particulièrement notable dans le cas de la thématique du temps de travail, qui ne figure quasiment plus que silencieusement ou négativement dans le discours des deux candidats qui font la course sondagière en tête. Ainsi, promues objectif premier de l’entreprise de retour en arrière que la droite nous promet, les 35 heures sont restées pour elle le « grand Satan ». C’est pourquoi, dix années après « l’expérience malheureuse » (J. Chirac) qu’on tente aujourd’hui de nous faire passer pour « la plus grande catastrophe économique » (N. Sarkozy), n’est-il sans doute pas inutile de faire le point et de rouvrir un débat nécessaire, qui pourtant n’existe plus.

Qu’est-ce que les 35 heures ont apporté ou interdit et qu’en reste t-il aujourd’hui, après que pas moins de quatre lois successives aient visé à les « assouplir » ?

De 1997 à 2002, la durée effective du travail s’était réduite de deux heures. Effet des différentes lois votées après 2002, elle a depuis lors connu le mouvement très exactement inverse. Retour à la case départ, donc : les salariés travaillent aujourd’hui en moyenne un peu plus de 39 heures par semaine, autant qu’en 1997. Subsiste néanmoins l’essentiel : depuis les lois Aubry, les 35 heures sont et demeurent l’horaire hebdomadaire légal, celui à partir duquel les heures supplémentaires sont comptées. En dépit d’efforts constants, cette garantie n’a donc pu à ce jour être effacée, sans doute parce que le coût politique en aurait été trop grand. Quoi qu’on ait trouvé à en dire, les salariés sont fortement attachés aux 35 heures. C’est d’ailleurs ce que montrent avec une constance qui ne s’est jamais démentie, toutes les enquêtes d’opinion sur ce sujet. Mais ce qui est désormais explicitement visé c’est l’existence même d’une durée légale. Dès 2004, le Medef en proposait la suppression dans son document « Moderniser le code du travail » et affirmait que la durée du travail est le domaine qui, par excellence, relève de la négociation au plus près du terrain. C’est précisément l’objet même des accords « compétitivité-emploi » que propose N. Sarkozy. Dans le cadre de la « politique structurelle du marché du travail » tant vantée, il faudrait donc effacer cette barrière protectrice et que les horaires soient « librement » contractualisés dans l’entreprise. Si tel devait être le cas, on risquerait alors de se retrouver avec pour seul cadre institutionnel celui de la directive européenne de novembre 2003 : pas moins de 11 heures de repos journalier consécutif, - ce qui avec la pause méridienne laisse quand même place à des journées de 12 heures -, pas plus de 48 heures par semaine. Pour la France, cela équivaudrait à un retour à la législation de … 1848 pour l’horaire journalier, et de 1919 pour la durée hebdomadaire !

Pourtant, toutes les études économiques l’ont montré, au-delà des débats sur le quantum, les créations d’emploi ont été au rendez-vous des 35 heures et nulle catastrophe économique ne s’en est ensuivie, la compétitivité des entreprises n’ayant pas été affectée. Mieux, alors que depuis 2002 tous les grands pays ont connu un mouvement de diminution du temps de travail, sur cette période, la France est la seule à s’être inscrite à contre-courant, ce qui explique à soi seul sa mauvaise performance en matière de création d’emplois, notablement inférieure (de l’ordre de 1/3) à celle de l’ensemble des pays de la zone euro, pourtant confrontés aux mêmes difficultés.

Le besoin d’emploi est immense. Entre chômage, travail découragé et sous-emploi, l’INSEE vient tout juste de calculer que c’est à pas moins de cinq millions de personnes qu’il s’agit de trouver un emploi. De la fin du XIXème à ce XXIème commençant, tous les pays sans exception aucune ont connu une division par deux de la durée de travail : notre plein temps aurait été un mi-temps pour nos arrières grands-parents. Tel est le sens du progrès. C’est dans cette histoire-là qu’il nous faut nous inscrire. Il faut protéger la législation du temps de travail. Il faut que les 35 heures deviennent l’horaire effectif. Il faudra assurément, ensuite, aller plus loin, tant il est vrai que sans réduction du temps de travail, il ne peut y avoir de création d’emplois conséquente.

Jacques Rigaudiat, économiste, membre de la fondation Copernic. 

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27 avril 2012 5 27 /04 /avril /2012 13:57

 

 

Une note du ministère des Solidarités à l'attention des présidents des conseils généraux précise les modalités d'application du décret sur les procédures d'orientation, de suspension et de radiation applicables aux bénéficiaires du RSA.

 

Un décret du 1er mars 2012 est venu préciser les procédures d'orientation, de suspension et de radiation applicables aux bénéficiaires du revenu de solidarité active (voir notre article ci-contre du 5 mars 2012). L'une des principales novations introduites par ce texte réside dans le renforcement de l'obligation de recherche d'emploi.

 

Quelques semaines plus tard, une note d'information du 18 avril 2012 vient à son tour préciser les modalités d'application de ce texte. Elle rappelle que le décret du 1er mars a pour objectif de répondre "aux difficultés soulevées par de nombreux conseils généraux lors des travaux de la commission opérationnelle du RSA" et "notamment aux difficultés liées à l'impossibilité d'orienter ou de sanctionner un bénéficiaire qui ferait obstacle à la décision d'orientation".

 

Sur l'orientation, la note d'information rappelle que le bénéficiaire du RSA et le président du conseil général sont désormais informés simultanément par la CAF ou la MSA de "l'entrée dans le champ des droits et devoirs". Cette entrée se matérialise par un courrier-type proposé en annexe. L'orientation du bénéficiaire doit intervenir dans les deux mois suivant la réception de cette notification. En cas d'impossibilité, tenant au bénéficiaire, d'orienter dans le délai prévu de deux mois, le président du conseil général procède à une orientation sociale par défaut. Une fois l'orientation du bénéficiaire prononcée et notifiée par courrier, l'allocataire qui refuse de se présenter au rendez-vous fixé avec un référent, afin de conclure un contrat d'engagements réciproques (CER), peut être sanctionné.

 

Quatre motifs de suspension et des sanctions graduées

 

La note d'information détaille également les nouvelles règles applicables en matière de sanctions. Elle rappelle notamment les quatre motifs qui peuvent donner lieu à une suspension totale ou partielle du RSA : non-établissement dans les délais du projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE) ou d'un CER (du fait du bénéficiaire et sans motif légitime), non-respect des dispositions du PPAE ou du CER (idem), radiation du bénéficiaire du RSA de la liste des demandeurs d'emploi et refus de se soumettre aux contrôles prévus par le Code de l'action sociale et des familles.

Ces sanctions sont graduées : réduction du montant du RSA pouvant aller jusqu'à 80% et trois mois pour le premier manquement, puis réduction pouvant aller jusqu'à quatre mois en cas de nouveau manquement. Lire la suite sur Localtis Info 

 

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Campagne 2017

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