Philippe Murer, professeur de finance à la Sorbonne, est inquiet : il redoute la création d'une union politique sur le thème de l'austérité entre les pays de la zone euro, sans même que les peuples concernés ne soient consultés.
François Hollande est arrivé en fanfare à la première réunion de l’Eurogroupe, poussé par des commentaires faisant état du soutien de tous les dirigeants, hormis l’Allemagne, à son plan de relance de la croissance. Ce plan nécessaire pour faire repartir l’économie pouvait être financé de façon ultime par la Banque centrale européenne (BCE) par le biais de project bonds ; il n’aurait ainsi rien couté aux Etats si les projets ont une rentabilité supérieure au taux de 1% de la BCE.
Malheureusement, notre président a choisi d’insister sur la voie d’une union des dettes, les euro-obligations, et n’a pas insisté sur la croissance. Cette tactique de négociation semble être un échec et a permis à l’Allemagne de rebondir sur le thème : « Chiche ! Nous ne ferons pas de plan de relance puisque les budgets sont en déficit. En revanche, nous vous proposons une union politique sur le thème de l’austérité pour arriver dans quelques années aux euro-obligations. »
Cela signifierait que la France et tous les pays européens abandonneraient une part très importante de leur souveraineté et confieraient le contrôle des budgets à Bruxelles. Ce thème est étudié par la Commission européenne, les divers médias étudient cette possibilité mais n’abordent jamais la question de fond qui me fait bouillir : demandera-t-on aux citoyens français (et aux autres) s’ils sont d’accord pour confier le contrôle de leur budget à Bruxelles, loin de toute démocratie ? Cela n’a l’air de préoccuper que très peu d’éditorialistes et de journalistes : jamais aucune question n’est posée, soulevée sur la volonté des peuples d’abandonner le fonctionnement démocratique de leur pays sur le sujet essentiel qu’est le budget de la nation.
En revanche, les journalistes du Point n’ont pas froid aux yeux et dramatisent l’enjeu en titrant : « Europe, l’Union économique totale ou la mort ? » Veulent-ils signifier de façon implicite qu’éviter la mort vaut bien des sacrifices même celui d’une partie de notre démocratie ? Par Philippe Murer professeur de finance vacataire à la Sorbonne et membre du forum démocratique. Lire la suite sur Marianne2
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