Cet article date de novembre 2011.
Je m'appelle Simone Wapler. Ingénieur de formation, j'ai quitté il y a 13 ans les laboratoires pour les marchés boursiers. En 2001, je suis entrée dans un groupe de presse et d'édition spécialisé dans les recherches et les conseils financiers. J'en ai pris la direction éditoriale depuis peu.
TOUTES LES CONDITIONS SONT REUNIES POUR UNE BANQUEROUTE GENERALE
Et alors ? Il y a belle lurette que l'annonce de la future faillite nationale fait la Une des plus grands journaux français, me direz-vous. Oui, mais ce que les médias grand public ne comprennent précisément pas, c'est qu'il ne s'agit pas que d'une faillite financière. Ce que nous allons affronter est bien pire. Le problème financier n'est qu'une partie de l'iceberg. Derrière se cache un Titanic en plein naufrage : les fondements mêmes de notre société, aussi bien politiques que sociaux.
Quand j'ai commencé à annoncer cette débâcle en avril dernier, ils ont été nombreux à se moquer de mon travail... Même mes amis et ma famille pensaient que j'avais perdu la tête. Combien de fois mon mari n'a-t-il pas été abordé par des proches qui lui disaient : "tu ne penses pas qu'il serait temps pour Simone de prendre sa retraite ?"
S'il vous plaît, comprenez bien cela : jouer les Cassandre ne m'amuse pas. De formation scientifique, je laisse les envolées lyriques et trémolos aux littéraires et autres artistes plus doués que moi en ce domaine. Mon pôle d'investigation économique ne s'amuse pas à prédire chaque mois une nouvelle crise.
ÇA N'ARRIVE PAS QU'AUX AUTRES
Voyez-vous, je ne crains pas d'être à contre-courant. J'ai vu passer les krachs de 1987... 2001... 2008...
Or, aujourd'hui, nous vivons une situation exceptionnelle, que j'ai appelée la Crise 2.
La Crise 2 est la crise du crédit souverain subprime, tandis que la Crise 1 était la crise du crédit subprime. Lors de la Crise 1, les Etats sont venus au secours des banques et du système financier en perdition. Autrement dit, la dette privée a été transformée en dette publique.
"Le monde est au bord du gouffre par la faute d'un système irresponsable", déclarait le Premier ministre François Fillon en 2008. Trois ans après, nous basculons dans ce même gouffre par la faute de la politique de ces gouvernants.
Qui viendra au secours des Etats en perdition dans la Crise 2 ?
Pas les banques : elles n'ont pas réussi à se refaire une santé.
Alors qui paiera ?
Il n'y a plus possibilité de repêchage. Autrement dit, les politiques économiques menées depuis trois ans aux Etats-Unis et en Europe vont entraîner la faillite complète des Etats.
Dans une tribune publiée en août dernier dans Les Echos, l'économiste Kenneth Rogoff est le premier à le reconnaître : "le vrai problème n'est autre que l'endettement catastrophique qui touche l'économie à l'échelle mondiale".
Si seulement c'était si simple ! Personnellement, j'aimerais qu'il en soit ainsi. L'endettement est catastrophique, les défauts de paiement se généralisent et les Etats font faillite. Et alors, qu'est-ce que cela change?
Le hic, c'est que tout est étroitement lié. La faillite de l'Etat. Nos épargnes. Nos retraites. Nos économies. Notre niveau de vie. Tout cela sera profondément affecté par la débâcle qui ne cesse de s'étendre. Et pour beaucoup de gens, les conséquences seront dramatiques.
Des milliards d'euros d'épargne privée disparaîtront. Les personnes âgées verront leurs retraites si diminuées qu'ils devront s'en remettre à la bonne volonté -- et surtout au porte-monnaie -- de leurs enfants pour ne pas finir à la soupe populaire. Et que dire de leurs propres enfants ? Ils n'auront même plus, pour la plupart, de travail ou de source de revenu fixe.
Ne comptez plus sur les autorités pour utiliser les leviers traditionnels pour maîtriser l'inflation dans les années à venir : les commandes ne répondront plus.
Très peu de solutions resteront alors sur la table : la ruine, la guerre... ou bien encore réquisitionner votre épargne, celle qui est gentiment blottie dans vos contrats d'assurance-vie.
Les défauts de paiement ont déjà commencé en Islande, en Irlande, au Portugal, en Grèce, en Espagne... A quand le tour de la France ?
Les lendemains ne chantent plus. Les populations des pays occidentaux peinent encore à comprendre que les promesses qu'on leur a faites en termes de retraite ou de protection sociale perdent toute valeur si leur propre gouvernement fait banqueroute.
Ce n'est pas tout.
En fait, l'état actuel de la France rend notre pays particulièrement vulnérable au pire des scénarios. Attention, il ne s'agit pas d'une aimable fiction à prendre à la légère mais bel et bien de la situation actuelle à haut risque.
LA FUITE EN AVANT
"Personne ne s'attend à ce que la France chute dans un mois", a déclaré l'économiste français Bertrand Lemennicier, professeur à l'Université Panthéon-Assas-Paris sur la chaîne de télévision américaine CBN News le 26 novembre 2010. "Mais nous sommes au bord du gouffre. Nous ne savons pas la date. Je veux dire que cela peut arriver du jour au lendemain, comme en Grèce".
Cette date, moi, j'ose vous la donner. Certes, nous ne savons pas encore quand la France sera en cessation exacte de paiement. Mais ce que nous pouvons surveiller, c'est le taux auquel nos créditeurs acceptent de nous prêter de l'argent -- c'est-à-dire l'évolution des rendements de nos obligations souveraines. Dès qu'ils dépassent les 6 %, un pays bascule dans l'insolvabilité. C'est ce qui s'est produit en Irlande, en Grèce, au Portugal, en Italie... et qui risque de se passer en France.
A l'heure où j'écris ces lignes, ce taux est à 3,51 %. Autrement dit, nous n'avons pas une grande marge de sécurité avant les 6 %... Et je pense que tout pourrait aller très vite : sans croissance et sans accroissement des recettes fiscales, nous n'avons aucune solution pour combler nos déficits et rassurer nos créanciers. Et à quelques mois de l'échéance électorale de 2012, quel politicien aura assez de tripes pour regarder la situation en face ? Prédire la crise, annoncer des mesures d'austérité, inciter la population à se serrer la ceinture... comment se faire élire sur un tel programme ?
Il faudrait une volonté politique considérable pour renverser la situation ; au lieu de cela, l'élection présidentielle de 2012 ne servira sans doute qu'à révéler nos faiblesses.
Nous sommes piégés.
Il n'y a pas de solution. C'est ce que j'essayais d'expliquer encore dans une récente interview sur BFM : il n'y a pas d'issue à cette crise. Mais qui écoute ? Je parie que seul un auditeur sur 100 reconnaît réellement la gravité de la situation.
Il est certain que "faire l'autruche" est une solution plus confortable... mais pas forcément plus sûre.
Il est crucial pour vous de comprendre les risques énormes auxquels vous êtes désormais exposé. Parce que la faillite imminente de l'Etat français signifie tout simplement votre propre faillite. Des millions d'euros d'épargne vont disparaître. Ce désastre bouleversera votre activité et pourrait même vous mettre au chômage. Il touchera de manière drastique votre épargne, vos investissements et votre retraite.
Etrangement, c'est du côté de la presse étrangère qu'on trouve les données plus précises. En juillet 2011, le Financial Times analysait ainsi le désarroi des classes moyennes en France dont le niveau de vie n'a pas augmenté depuis plus de trente ans.
... GRANDE BRADERIE DU PATRIMOINE FRANÇAIS Lire la suite sur Crash de Bug