Chaque année, le festival d'Avignon sert de baromètre du climat social dans la culture et les arts. On peut dire que l'année 2013 est sensible. Un an après l'élection de François Hollande, le mécontentement, ou le doute, se lit jusque sur les affiches de spectacle du off.
"Le changement, c'est maintenu ?", interroge la pièce d'Yves Cusset, à l'espace Alya, en souvenir du slogan du candidat François Hollande. Les raisons du mécontentement sont multiples : le ministère de la culture verra son budget diminuer en 2014 ; le dégel des crédits ne touche que le spectacle vivant en région, ainsi que les arts plastiques, mais pas les grands opérateurs (opéras, théâtres nationaux...) ; le mot "culture" ne figure pas dans le projet de loi de décentralisation, etc. Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui fait les arbitrages, est dans la ligne de mire. L'ancien maire, qui a fait de Nantes une ville culturelle, déçoit. "Jean-Marc Ayrault, vérité à Nantes, erreur au-delà", résume François Le Pillouër, patron du Syndeac, qui regroupe les employeurs des plus gros établissements culturels.
Lire le point de vue de Catherine Tasca(Sénatrice, ancienne ministre de la culture (2000-2002)) : "Alerte sur le budget de la culture"
Mais un sujet occupe particulièrement les esprits : l'assurance-chômage des artistes et des techniciens. Les annexes 8 et 10 de l'Unedic prévoient des règles spécifiques pour compenser les aléas de l'emploi artistique. Depuis 2003, les techniciens doivent réaliser 507 heures en dix mois – et les artistes 507 heures en 10,5 mois – et ouvrent des droits sur une période de 243 jours (soit 8 mois). Auparavant, les 507 heures pouvaient être réalisées sur douze mois, et l'indemnisation courait sur autant.
ANNULATION DU FESTIVAL D'AVIGNON EN 2003
La réforme de 2003, signée par le Medef et la CFDT, avait été à l'origine de l'annulation du festival d'Avignon. Dix ans plus tard, il s'agit d'endiguer la contestation : en septembre, les négociations sur l'assurance-chômage vont commencer entre les partenaires sociaux. En période de crise, les annexes 8 et 10 vont-elles être rabotées ? Samedi 13 juillet, dès 9 heures du matin, et avant la manifestation des professionnels du spectacle vivant, vers 11h30, les deux ministres en charge du dossier, Aurélie Filippetti pour la culture, et Michel Sapin pour le travail, ont tenu à réunir les organisations syndicales et patronales du secteur, sans oublier la Coordination nationale des intermittents. La suite sur Le Monde