13 juin 2013 | Par Carine Fouteau
Tout compte fait, l’immigration, dans les pays riches, ne représente en moyenne ni un gain ni un poids significatif en matière de finances publiques. Telle est la conclusion d’une étude de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publiée le 13 juin à l’occasion de la sortie de son rapport annuel sur les migrations internationales. De quoi apporter la contradiction aux représentants politiques, qui, à droite et à l’extrême droite en Europe, font la chasse aux immigrés au nom de leur supposé coût pour les sociétés d’accueil.
Les données présentées, émanant de l’ensemble des pays européens de l’OCDE ainsi que de l’Australie, du Canada et des États-Unis, révèlent un impact fiscal global positif mais modeste. « Les immigrés sont donc semblables au reste de la population à cet égard », commentent les auteurs soucieux de mettre à mal les idées reçues et d’empêcher les récupérations politiques.« Le maintien des stéréotypes,regrettent-ils, reste l’objectif de certains groupes cherchant davantage à créer des remous politiques plutôt qu’à proposer des solutions concrètes aux problèmes économiques réels. »« Dans ce contexte, poursuivent-ils, il est essentiel de mieux comprendre les conséquences budgétaires de l’immigration et d’opposer aux préjugés des faits indiscutables. »
Sur fond de crise économique et de hausse du chômage, les opinions publiques européennes sont, de fait, sensibles à cette question. En France, y compris hors période électorale, Marine Le Pen, la numéro un du FN, propose de supprimer les allocations familiales des étrangers, tandis qu’en Grande-Bretagne, pour contrer le parti nationaliste Ukip, le premier ministre conservateur David Cameron annonce la mise en place de restrictions aux droits sociaux des immigrés.
Cette étude comparative, fondée sur les résultats des enquêtes sur la situation des ménages, est la première de l’OCDE et l’une des premières dans un champ que la science économique commence tout juste à défricher. Elle mesure, à un moment donné, les impôts et les cotisations de sécurité sociale des immigrés (définis comme les personnes nées à l’étranger) d’une part, et les transferts sociaux dont ils bénéficient d’autre part. Les résultats varient selon les hypothèses retenues, mais l’incidence fiscale de l’immigration est « généralement faible relativement au PIB » : elle dépasse rarement 0,5 % du PIB pour une année donnée dans un sens ou dans l'autre.
Contribution moyenne des ménages en matière de fiscalité directe entre 2007 et 2009. ©OCDE
« Les craintes associées aux questions migratoires sont infondées en termes d’impact fiscal », résume Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’OCDE, qui rappelle que la méthode choisie évalue l’impact de l’immigration qui s’est produite pendant les décennies récentes et donc pas celui des flux actuels.
Une hausse des arrivées n’implique ainsi pas nécessairement un alourdissement de la dette publique. « Si les politiques des cinquante dernières années ont abouti à un impact budgétaire net quasiment neutre, une meilleure gestion des migrations de travail internationales, fondée sur les besoins du marché du travail et attentive à l’intégration, ne peut être que bénéfique », assurent les auteurs du rapport, qui observent, en 2011 et en 2012, une reprise des mouvements de population après quatre années successives de baisse assez forte.
«Les politiques d'intégration représentent un bon investissement pour l'avenir»