ENTRETIEN. Le mouvement pour la sixième république (m6r), initié par Jean-Luc Mélenchon, s’est doté le mois dernier d’une assemblée à l’issue d’un processus que nous explique Boris Bilia, l’un des coordinateurs du mouvement.
Le Mouvement pour la sixième république (m6r) a été initié par Jean-Luc Mélenchon en septembre dernier.
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Il s’est doté le 18 mars d’une assemblée constituée de 188 sièges dont 30 réservés aux initiateurs du mouvements qui constituaient jusqu’ici le comité d’initiative, 50 tirés aux sort parmi plus de 80.000 signataires et 108 élus par internet sur des professions de foi (voir sa composition). Nous avons demandé à Boris Bilia, membre du comité d’initiative et du comité technique du m6r, de nous restituer le processus qui a conduit à la désignation de cette assemblée et de nous en expliquer le fonctionnement. Militant du Parti de gauche, il est au sein du m6r chargé de la coordination et de la synthèse des idées et a contribué à établir le cahier des charges du site, la « plateforme citoyenne » Nous le peuple ]].
Pourquoi ce mouvement se dote-t-il d’une assemblée ?
Boris Bilia : Depuis le début, il était prévu l’« autoorganisation » du mouvement. Se doter d’une assemblée est une première étape vers cette « autoorganisation ». Plusieurs idées ont été proposées. Le fait d’organiser un grand rassemblement par exemple, mais cela coûte trop cher. D’autres ont proposé l’élection d’une assemblée, d’autres encore qu’une partie soit tirée au sort. Une synthèse s’est dégagée au fil des débats sur la plateforme internet et dans les comités et nous avons décidé de faire un essai d’assemblée.
Vous parlez d’assemblée représentative sur votre site. Or, le mode de désignation de cette assemblée conduit à se poser la question de sa représentativité. Pour qu’elle soit représentative des idées, la logique aurait voulu qu’elle soit élue à la proportionnelle... Pour qu’elle le soit sociologiquement, il aurait fallu tirer au sort tous les membres et en interroger la structure sociale. De quoi cette assemblée est-elle représentative ?
De tout le monde, l’assemblée est représentative de la richesse du mouvement. Elle suit trois méthodes de désignation qui la rendent tout à fait légitime pour proposer ou animer le mouvement. Pour ce qui est du message politique, il est fixé par le texte d’appel à signature qui veut une sixième république débarrassée de la monarchie présidentielle et donnant des droits sociaux, écologiques et humains. Ce n’est pas n’importe quelle sixième république !
Mais la représentativité parfaite n’existe pas, s’il y a par exemple 50 idées et qu’il y a 30 sièges, les 50 idées ne seront pas représentées. C’est une composition imparfaite forcément. Il y a eu beaucoup d’échanges. Sur les 30 sièges réservés aux initiateurs, beaucoup de personnes sont sceptiques sur le principe par exemple. Mais c’est aussi un moyen de dissoudre le comité d’initiative puisque ceux des fondateurs qui veulent vraiment participer à l’« autoorganisation » du mouvement sont à égalité avec les autres.
Certains initiateurs voulaient rester informés sans s’investir plus, d’autres ont voulu, au contraire, être actifs dans le mouvement. Parallèlement, les personnes qui ont lancés le mouvement se sentent une responsabilité morale et en tant qu’intellectuels ou universitaires, il connaissent souvent bien les sujets. La désignation des sièges réservés aux initiateurs s’est faite par volontariat. Ensuite, il y a des organisations politiques de « l’arc gauche large » qui ont désigné des représentants. « Le parti socialiste critique », Europe écologie-Les Verts, Ensemble !, le PCF, Nouvelle donne et le Parti de gauche, ont leur place dans cette assemblée parce qu’ils portent aussi le mot d’ordre de la sixième république. Des sièges ont donc été réservés pour ces organisations parmi ces trente.
Quel est le rôle de l’assemblée ? Décider ? Transmettre ? Écouter ?
C’est aux signataires et aux membres de l’assemblée de proposer toutes les modalités pour la suite. Un formulaire a été envoyé à tous les membres de l’assemblée pour en définir les missions. Le rythme de ses réunions, s’il faut une charte, quelles propositions il y a pour l’organisation du mouvement ? Est ce qu’il faut des commissions fonctionnelles ? Comment s’organiser localement ? Ce questionnaire va être proposé de la même manière à tous les signataires.
Il faut attendre le retour des questionnaires, mais a priori, le rôle de l’assemblée est de proposer des pistes à tous les signataires. La semaine dernière, pour le 9 avril, le comité technique a proposé une ébauche de tract participatif contre la loi Macron. Les signataires ont réagit en ligne en proposant des modifications, les gens ont voté sur les commentaires et une synthèse a été faite. L’assemblée peut par exemple proposer de continuer ce genre de méthode.
Il faut vraiment prendre le temps et construire la confiance vis à vis de tous les citoyens qui participent à ce mouvement et donc ne pas présager de ce qui va être décidé ou proposé.
Il faut écouter tous les signataires et en même temps les informer de ce qui est proposé. Le rôle de l’assemblée est de proposer, d’informer, de coordonner. Son rôle n’est pas de décider seule, mais l’objectif est de co-décider avec les signataires. La suite sur Politis