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Républicaine donc de Gauche, parce que "capitalisme, libéralisme,mondialisation économique" sont antagonistes avec notre devise "liberté, égalité,fraternité" ;la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen ; le préambule de la constitution de 1946 ; la déclaration de Philadelphie et le Conseil National de la Résistance.

LA GRÈCE DANS « LA PEUR DE WEIMAR » : LE PHÉNOMÈNE CHRYSSI AVGHI

 

Parmi les nombreuses questions actuellement débattues dans l’espace public grec, une a particulièrement retenu mon attention. On parle de plus en plus d’un scénario à la « Weimar » qui pourrait survenir dans les mois à venir en Grèce. La république allemande de l’entre deux-guerres avait suscité l’émergence du nazisme faute d’avoir su instaurer un régime politique stable. A la source de ce débat, la montée en puissance du parti néo-nazi Chryssi Avghi (« l’aube dorée »).


Très bas dans les sondages jusque février, où le parti n’apparaissait même pas dans les enquêtes, Chryssi Avghi a dépassé début mars les 3% nécessaires pour entrer à l’assemblée. Il est aujourd’hui crédité d’environ 5% d’intentions de vote.


Méconnu du grand public, ce parti qui n’était à l’origine qu’une organisation très fermée, a été créé à la fin des années 70 par une grande figure de l’extrême droite grecque, Nikolaos Michaloliakos. Il s’était fait remarquer dès le début des années 1970 pour sa participation à des actions nationalistes violentes, ce qui lui coûtera deux condamnations de prison ferme. Ce sera l’occasion pour lui de rencontrer les  « coup-d’étatistes » de 1967. C’est à la sortie de son 2e séjour qu’il publiera le premier numéro du journal Chryssi Avghi, et créera l’organisation qui fait actuellement trembler la Grèce.


La véritable entrée de Chryssi Avghi dans le monde politique a lieu durant les élections municipales de novembre 2010 au cours desquelles N. Michaloliakos est élu conseiller municipal d’Athènes avec 5.3% des voix autour du slogan « Pour refaire d’Athènes une ville grecque » (Να ξαναγίνει η Αθήνα ελληνική). Ce sera l’occasion pour la Grèce de découvrir ce parti très secret. Il ne faudra pas attendre longtemps : peu après son élection Michaloliakos se fait remarquer au conseil municipal en effectuant un salut nazi.


Pour se refaire une crédibilité, Chryssi Avghi a tenté d’enterrer les textes écrits par son chef dans les premières années de l’organisation. Le quotidien Ethnos a mis la main sur une archive daté de mai 1987 intitulé « Hitler pour mille ans ». Il est écrit : « Le 30 avril 1945, une resplendissante page de l'histoire contemporaine se ferme. Le grand homme du XXe siècle, l'animateur et l'apôtre de la révolution de la croix gammée est mort. 1945, tous ceux qui ont cru en l’idéal de la révolution national-socialiste se sentent glacés, se sentent hésitants face à l’avenir, un avenir sans sa présence et ses conseils ». Terminant sur un « HEIL HITLER » ce texte est signé par Michaloliakos, actuel président de l’organisation. Le logo de l'organisation, « le méandre », motif grec très utilisé, ressemble d’ailleurs étrangement à la croix gammée. Il symbolise la bravoure et la lutte perpétuelle.


Hitler, Hess, Metaxas, Papadopoulos, les références ne laissent aucun doute possible. Autre référence, plus incongrue celle-ci : Lucifer, qui est d’ailleurs à l’origine du nom du parti « L’aube dorée » (« fosforos » en grec ancien signifie « celui qui apporte la lumière »).


Sur les questions religieuses, l’idéologie du parti semble particulièrement confuse. Michaloliakos a personnellement beaucoup écrit sur Lucifer, le paganisme et même la magie médiévale. Il semble en outre passionné de Grèce antique, faisant souvent référence aux 12 dieux de l’Olympe. L’organisation du parti suit d’ailleurs le modèle des phallanges spartiates. Et alors même qu’il est précisé dans leur programme qu’ils comptent « promouvoir le caractère national de l’Eglise », Michaloliakos accuse personnellement dans ses ancients écrits l’église chrétienne d’avoir provoqué « 20 siècles d’obscurantisme ».


Chryssi Avghi est en quelque sorte porteur de l’héritage dictatorial basé sur une mouvance nationaliste qui n’a jamais accepté les pertes de territoires non annexés à l’Etat grec, mais où vivaient et vivent encore des grecs. Cette mouvance considère de manière générale la « race grecque » comme supérieure, elle ne doit donc pas se mélanger, ni se laisser abattre par les autres races inférieures.


Il est difficile de comparer cette organisation politique avec une quelconque autre en France ou dans n’importe quel autre pays européen. Le phénomène Chryssi Avghi correspond à un état d’esprit  greco-grec qui mélange plusieurs éléments parfois contradictoires. Lire la suite sur Médiapart

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