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Républicaine donc de Gauche, parce que "capitalisme, libéralisme,mondialisation économique" sont antagonistes avec notre devise "liberté, égalité,fraternité" ;la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen ; le préambule de la constitution de 1946 ; la déclaration de Philadelphie et le Conseil National de la Résistance.

Merci «Charlie» Éric Coquerel (coordinateur au Parti de gauche)

Même s'il y a eu plusieurs «Charlie», pour nous, au Parti de gauche, ils restent de notre famille, une gauche fidèle à elle-même, subversive et iconoclaste.

Le nouveau numéro de Charlie paru ce mercredi est pour moi l’occasion, au-delà du symbole planétaire qu’est devenu le #JeSuisCharlie, de revenir sur les huit jours écoulés. De revenir une semaine en arrière, ce mercredi 7 janvier, qui paraît déjà si loin tant les jours qui ont suivi ont pesé bien plus lourd que leur réalité calendaire. Ce mercredi-là, en fin de matinée, à la lecture d’un premier tweet annonçant une attaque à l’arme automatique dans les locaux de Charlie, j’avoue quelques secondes avoir cru à une blague du journal. Un humour du type de la célèbre une «Bal tragique à Colombey : 1 mort» auto appliquée. Dans ma génération, je ne crois pas être le seul.

Quelques minutes plus tard, sans plus d’informations que la confirmation de tirs et de probables victimes, j’avançais déjà vers le journal dont je suis voisin de quelques centaines de mètres. Ce qui prédominait alors ? Juste le besoin de me rapprocher des «miens», sans même trop savoir, à ce moment-là, comment ce réflexe solidaire pouvait s’exprimer. La suite, le monde entier désormais la connaît. Sur place, à l’intérieur du cordon sécurisé, on a tenté à quelques-uns de se réconforter comme on pouvait en refusant les noms des victimes qui tombaient les uns après les autres. Non pas lui, pas eux…

«Eux», ce sont donc, ce 7 janvier, encore les «nôtres». Ils n’appartiennent pas encore à des millions de personnes dans le monde. Ils sont de notre famille, une gauche restée fidèle à elle-même, subversive et iconoclaste. Je sais, il y a eu plusieurs Charlie dans l’histoire. D’ailleurs, à notre image, Charlie n’a jamais été un. Et, depuis le 7 janvier, je n’ai de toute façon pas envie de faire le tri. Charlie Hebdo c’est, dans les années 70, l’un de mes repères dans un engagement personnel plutôt alors d’essence libertaire. J’ai grandi politiquement avec lui, avec ses éditorialistes, Cavanna en tête, et ses dessinateurs comme avec Cabu, Wolinski ou Gébé. Pas toujours d’accord mais ce n’était pas le but recherché.

S’il y avait, s’il y aura j’espère, une ligne directrice dans ce journal c’est bien le droit de contester et se moquer de tous les pouvoirs, y compris religieux quand ils redeviennent menaçants pour notre liberté de conscience si ce n’est de vivre. Une manière, comme chantait Ferré, de dire «avec un air anar, qu’y a du soleil sur la façade». Contre tous les obscurantismes donc, d’où qu’ils viennent. Charlie c’est aussi beaucoup de camarades dont Charb parce que des rédac chefs appuyant, poing si bien élevé, la candidature de Jean-Luc Mélenchon et le Front de gauche il n’y en a pas tant que cela. Mercredi 7 janvier, en attaquant Charlie, «nous» avons eu ainsi la sensation profonde d’être nous-mêmes d’abord attaqués, comme le furent il y a quelques mois les dirigeants du Front populaire tunisien, avant que tout le peuple français, ou presque, ne réagisse à l’unisson.

Ils se sont trompés

Depuis, je ne peux m’empêcher de penser que les morts de Charlie ont rendu un sacré service au pays même si on eût tant voulu qu’ils ne nous le rendent jamais. C’est en partie parce qu’ils ont été les premières victimes que la pente prise a été fraternelle plutôt que haineuse. Bien sûr, la houle qui s’est mise en mouvement à cette occasion puise son énergie dans le caractère encore profondément républicain de notre pays, mais l’histoire et ses pulsions ne sont jamais écrites. En plein déferlement Lepeno-Zemmourien, alors que le matin même Houellebecq, invité spécial de France Inter, voyait crédibilisée sa fiction délirante – «la France, un Etat Islamiste ? Houellebecq l’anticipe seulement de dix ans», a pu dire un auditeur sans aucune contrepartie d’un journaliste – le profil des victimes a sans doute fait dévier la semaine dans la bonne direction. Profondément peinés, ce sont d’abord ceux qui partageaient l’humanisme de Charlie qui ont réagi et donné le la.

Désireux d’alimenter la peur et le feu du choc des civilisations, les tueurs djihadistes, ou leurs commanditaires, se sont, du point de vue de leurs objectifs, profondément trompés. Le reste c’est la réalité de notre pays qui a fait dévier leur logique folle. Alors qu’ils voulaient trier leurs cibles, journalistes de Charlie, policiers, juifs en les distinguant du reste de la population, ils ont achevé Ahmed Merabet, un policier de religion musulmane et vu dans l’Hyper Cacher un Malien, lui aussi musulman, Lassana Bathily, sauver plusieurs clients juifs en les cachant dans une chambre froide. Ce ne sont pas des petites histoires, c’est l’histoire de la France condensée en quelques jours qui fait que nous avons tous pu nous sentir dimanche si aisément à la fois journaliste, très à gauche, «flic» et juif.

 

La suite sera difficile à n’en pas douter. Dès samedi, par l’entremise de plusieurs des chefs d’Etat invités par François Hollande, une partie du monde politico-médiatique a tenté de récupérer l’événement : la France devrait enfin se rendre à l’évidence qu’elle est entrée pour de bon cette fois dans la guerre entre le monde démocratique et «occidental» contre la barbarie, le bien contre le mal, assimilant évidemment au mal tout ce qui n’est pas le paradis de l’Otan, de l’Europe libérale et de la Troïka. On voit bien la suite, elle a commencé à apparaître : mardi à l’Assemblée nationale, Manuel Valls s’est empressé de lier l’hommage des députés au vote de la poursuite du funeste engagement militaire de la France au Moyen-Orient. Une politique guerrière qui, dans la lignée de celle engagée par les Etats-Unis en Irak au début du troisième millénaire, n’a fait que multiplier dans le monde les foyers intégristes. Bien peu Charlie dans l’esprit… La suite sur Libération

 

 

 

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