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Qui a tué nos villages ?

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26 mars 2018 1 26 /03 /mars /2018 14:45

Dans une interview accordée au magazine en ligne Guernica, Hugo Blanco, l’une des figures  emblématiques des luttes sociales en Amérique latine, parle des mouvements autochtones d’aujourd’hui, du changement climatique et de la protection de l’environnement. Au début des années 1960, Blanco a mené la rébellion des fermiers Ketsu au Pérou, contre l’exploitation des grands propriétaires fonciers. Au cours de sa vie, il a été persécuté et arrêté par les autorités péruviennes. Il est resté sept ans en prison, où il a écrit la Terre ou la Mort: La lutte des paysans au Pérou.

Guernica: Des années durant, vous avez concentré vos efforts sur la distribution des richesses et la justice sociale. Pourquoi le changement climatique est-il devenu une question urgente pour vous ?

Hugo Blanco: Je me suis toujours battu pour l’égalité sociale. Mais maintenant se pose un autre problème : la survie de notre espèce. Un siècle de plus de gouvernement par les sociétés multinationales et celles-ci auront exterminé l’espèce humaine comme elles en ont exterminé d’autres.

L’objectif de ces grandes sociétés multinationales est de faire le plus d’argent possible, le plus vite possible. Pour l’atteindre, elles peuvent s’attaquer à la nature. Elles se servent d’avancées technologiques et scientifiques pour servir cet objectif, y compris aux Etats-Unis, où la fracturation hydraulique empoisonne l’eau destinée à la consommation humaine. Les gouvernements, à un degré plus ou moins important, représentent aussi les intérêts des sociétés multinationales. Même les gouvernements progressistes capitulent face à celles-ci.

Guernica: Vous avez déclaré que les groupes indigènes peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre le réchauffement de la planète. Comment ?

Hugo Blanco: Actuellement, les attaques contre la nature sont fortes, aussi nous trouvons de nombreuses personnes défendant les écosystèmes. Et les écologistes éprouvent du respect pour les indigènes parce qu’ils défendent la nature et attribuent moins d’importance à des choses comme l’argent. Je suis un indigène Quechua, et nous suivons un principe d’amour et de vénération de la nature, que nous appelons en Quechua Pachamama, ou Mère Nature. Mais il se trouve des peuples indigènes partout dans le monde, en Océanie, en Afrique, en Asie, ainsi que dans le nord de la Suède et de la Finlande. Et les caractéristiques des peuples indigènes sont leur grand amour de la nature, leur solidarité et leurs mandats collectifs plutôt qu’individuels.

Par exemple, il y a cette histoire d’un anthropologue qui travaillait avec des enfants indigènes en Afrique du Sud. Il a placé des friandises et fruits dans un arbre et a dit aux enfants « courez et le premier qui atteint l’arbre gagne tout ». Les enfants ont couru en se tenant par la main et ont tout partagé entre eux. « Pourquoi êtes-vous si sots ? J’ai dit que le premier aurait tout. » Et ils lui ont répondu « Si l’un d’entre nous n’avait pas reçu de bonbons ni de fruits, nous aurions tous souffert. J’existe parce que tu existes. »

Les membres d’une faculté de l’université de Cuzco, qui étudient l’agronomie, ont appris que lorsqu’ils se rendent aux foires agricoles des campesinos [paysans], ils ne doivent pas donner des prix à la personne qui a obtenu la plus grosse pomme de terre, ou la plus grande quantité de pommes de terre, mais à celle qui a produit la plus grande variété, parce que les indigènes pensent que c’est plus important. Et quand on leur demande « Que produisez-vous sur vos terres ?» ils répondent « De tout, » parce qu’ils ont des avocats près de la rivière et puis, en remontant, arrivent jusqu’aux pommes de terres dans les sommets.

Il existe certains champignons qui ne poussent que pendant la saison des pluies au Pérou. Et une campesina vendait de petites montagnes de ces champignons au marché de Cuzco. Je lui ai dit « Je vais tout t’acheter sans demander de réduction sur le prix, » ce qui était une bonne proposition parce qu’en général, on paie moins cher au kilo pour une plus grande quantité. Mais elle m’a répondu « Non. Si je vous vends tout, qu’est-ce que je pourrais vendre à tous les autres ? » La vente n’était pas seulement économique, mais aussi une relation humaine.

Je cite ces exemples pour montrer que c’est quelque chose que d’être « indigène ». Certains nous appellent les « primitifs, » et ils ont raison. Parce que nous préservons l’organisation primitive que la société avait, qui est horizontale. Ils nous appellent « sauvages » et je pense qu’ils ont raison là aussi, parce que le sauvage est l’être qui n’est pas domestiqué. Le condor est un animal sauvage, le coq est domestiqué. Je préfère être un condor qu’un coq.  25.03.2018 - Pass World La suite sur Pressenza

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