Sept ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima (survenue le 11 mars 2011), l'ancien
premier ministre japonais, Naoto Kan, en poste à l'époque, était en tournée en France du 12 au 16 mars 2018. De nombreuses actions pour la sortie du nucléaire sont organisées actuellement autour de ce triste anniversaire.
C'est le 14 mars dernier à Strasbourg devant des élus et des militants anti-nucléaires que l'ancien premier ministre japonais Naoto Kan a déclaré qu'il fallait "fermer au plus vite les centrales nucléaires" car "une centrale nucléaire sûre est une centrale fermée". A 80 km de Strasbourg, à Fessenheim, est basée la doyenne des centrales nucléaires françaises. Deux jours avant, on apprenait que l'Autorité de sûreté nucléaire ouvrait la voie au redémarrage du réacteur 2 de cette centrale grabataire mise en service en 1977 ! Dans un communiqué, le Réseau Sortir du nucléaire dit que cette "décision inacceptable est un signe de plus de la soumission de l’ASN aux industriels." Espérons que cette centrale située sur une zone sismique va ENFIN fermer en 2019 ! Evidemment, sur le cas de la centrale de Fessenheim, Naoto Kan est catégorique : "plus les centrales sont vieilles, plus vite il faut les fermer. Je suis complètement opposé à la prolongation de vie des anciennes centrales."
Et Naoto Kan sait de quoi il parle. Il a démissionné en août 2011, cinq mois après le Genpatsu-shinsai de Fukushima (accident combinant les effets d'un accident nucléaire et d'un tremblement de terre) à cause de sa "forte impopularité après sa gestion de la crise nucléaire". Il faut écouter cet ancien pro-nucléaire notamment quand il expliquait en 2016 son positionnement avant cette date fatidique du 11 mars 2011 :
"Auparavant, j’étais un peu comme tout le monde. Il n’y avait jamais eu de véritables accidents nucléaires au Japon et un mythe de la sécurité s’était mis en place. Pendant longtemps, beaucoup de fonctionnaires japonais y ont cru, et je suis l’un d’entre eux. Le 26 avril 1986, il y a certes eu l’accident de la centrale de Tchernobyl. Mais nous pensions que c’était lié à l’ancienne Union soviétique et qu’au Japon, un pays très sûr, un tel accident ne pouvait arriver. Or cela s’est produit. Et ce fut pire qu’à Tchernobyl!"
Dans le programme de sa tournée en France, les député-e-s Europe Écologie - Les Verts ont invité Naoto Kan à donner une conférence de presse au Parlement Européen ce 14 mars dernier. Dans une interview accordée au quotidien belge L'Écho, il explique :
"Oui, j’étais persuadé du haut niveau de la technologie japonaise. Comme Premier ministre, j’avais planifié le passage de la part du nucléaire du Japon de 30% à 50%. J’avais signé cela. Mais après Fukushima, j’ai annulé ce plan et décidé que nous allions sortir du nucléaire."
La veille, ce "repenti du nucléaire" était à l’Assemblée nationale à l'invitation des député-e-s de la France Insoumise. Il a rappelé et expliqué quelques faits marquants de la catastrophe de Fukushima qui l'ont amené à devenir un militant anti-nucléaire engagé : "On ne peut pas courir un tel risque pour les territoires et les populations. Aucune technologie ne peut nous protéger. Le jeu n’en vaut pas la chandelle. J’ai donc décidé de consacrer le reste de ma vie à me battre pour que le nucléaire disparaisse." Par jean-pierre favier la suite sur Médiapart
commenter cet article …