Les socialistes français, qui semblent hésiter sur la stratégie à adopter face à la montée de Jean-Luc Mélenchon dans les sondages, seraient peut-être bien inspirés de regarder au Sud. En Andalousie, plus précisément, où, contre toute attente, une alliance du Parti socialiste espagnol (PSOE) et de la Gauche unie (IU, écologistes et communistes) s'apprête à prendre les commandes de la communauté autonome la plus peuplée d'Espagne.
La surprise est tombée fin mars, lors des régionales andalouses : les sondages donnaient le Parti populaire (droite) de Mariano Rajoy largement gagnant, dans ce territoire acquis depuis trente ans à la gauche. Mais, si le PP est effectivement arrivé en tête, remportant 50 sièges sur 109, il ne dispose pas pour autant la majorité absolue pour gouverner à Séville.
Pour le gouvernement Rajoy, en poste depuis la fin décembre, ce vote est un premier, et très sévère, avertissement. « Une sanction », s'est même emporté, euphorique, le Parti socialiste. L'exécutif conservateur misait en tout cas sur un succès qu'il imaginait « historique » pour mieux faire passer la pilule, quelques jours plus tard, d'un budget d'austérité carabiné pour 2012. Il espérait aussi s'appuyer sur ce scrutin, afin de minimiser l'impact de la grève générale du jeudi suivant. Rien de tout cela n'a fonctionné.
Surtout, Mariano Rajoy vient de perdre un levier décisif, pour réduire l'endettement des communautés autonomes. Car l'Andalousie pèse lourd : elle compte 8,4 millions d'habitants (plus que l'Autriche), et son taux de chômage est aussi le plus élevé du pays (31 % des actifs). À Bruxelles, où l'on suit de très près la gestion de la crise espagnole, le dossier de l'endettement des régions (13 % du PIB espagnol) est jugé capital, si Madrid veut, à terme, rassurer les marchés. La contre-performance de Mariano Rajoy en Andalousie a fait l'effet d'une douche froide. Lire la suite sur Médiapart
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