La Grèce et sa dette publique reviennent donc sur la table de l'actualité un mois après une nouvelle aide massive laborieusement négociée. Il ne fallait pas être grand politique, ni expert économique patenté, pour prévoir qu'il en serait ainsi. Puisque les peuples et leurs dirigeants paraissent amnésiques, le devoir est de répéter inlassablement quelques leçons élémentaires d'histoire, qui expliquent la profondeur de la crise beaucoup plus que de savants mécanismes financiers, aussi abscons qu'incertains.
Depuis la renaissance d'une Grèce libre en 1830, le pays n'a pratiquement jamais connu d'Etat durable et constitué. La faute originelle en est moins à la longueur de l'occupation ottomane – ce qui serait tout de même paradoxal pour un empire réputé à l'origine par la rigueur de son administration – que par la faute des grandes puissances européennes de l'époque. Angleterre, France et Russie s'entendirent pour mettre la nouvelle nation sous influence. Sans qu'il y ait nécessairement exigence de pénitence imprescriptible, l'Europe ferait bien aujourd'hui de s'en souvenir. Il faut dire que la bourgeoisie grecque y mit aussi du sien, en conservant pendant près d'un siècle jusqu'à l'abandon forcé de l'Asie mineure (1922) ses principaux intérêts en dehors du Royaume (Smyrne, Alexandrie). A-t-elle aujourd'hui fondamentalement changé d'attitude, quand on songe à la difficulté de faire rapatrier les capitaux et les sièges sociaux des armateurs helléniques installés à Londres ou à New York ? En tout cas, affaiblir le budget de l'Etat, en tranchant dans ses dépenses, quels que soient son déficit, les prébendes, les concussions et les corruptions, auquel il donne lieu, relève du contresens absolu : on saigne de toute façon un moribond. Lire la suite sur Le Monde
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