Sous la pression de la rue, le gouvernement a retiré une mesure consistant à taxer les salariés au profit des entreprises pour relancer l'emploi.
Pedro Passos Coelho risque d'apprendre à ses dépens qu'il y a des limites à trop vouloir jouer le bon élève de Bruxelles, de Francfort et du Fonds monétaire international. Depuis sa tentative de taxer les salariés au profit des entreprises pour faire repartir l'emploi au Portugal, le Premier ministre portugais est surnommé le « Robin des bois des riches ». Jusqu'à présent, ses concitoyens s'étaient plutôt résignés au plan d'austérité et aux réformes mises en place moyennant 78 milliards d'euros d'aides versées par l'Union européenne et le FMI. Mais trop c'est trop, et leur capacité de résistance a été enfoncée. C'est un arrêté de la Cour constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres, en interdisant la suppression - demandée par le gouvernement de centre droit - des treizième et quatorzième mois de salaires des fonctionnaires. Du coup, le gouvernement de Coelho a décidé le 7 septembre de relever de 11 à 18% les cotisations sociales salariales et de baisser simultanément les cotisations patronales de 23,75 à 18%.
En réduisant ainsi le coût du travail, le Premier ministre espérait faire baisser les prix et pouvoir relancer la compétitivité des exportations. Or cette manière inédite de faire payer la réduction des coûts des entreprises par les salariés a rapidement suscité l'hostilité d'une grande partie de la population portugaise: mobilisées par les réseaux sociaux, des milliers de personnes, toutes générations confondues, ont défilé, dans les rues de Lisbonne, en scandant "Voleurs, voleurs..." ; "Le peuple est fatigué d'être volé et humilié" ; "Troïka et gouvernement, dégagez!"
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