Il ne manquent pas de déclarations officielles prônant la nécessité de défendre nos potentiels productifs et l’emploi. Pour les actes; c’est autre chose.
En vérité, les décisions prises affaiblissent, voire préparent, la liquidation de l’un de nos atouts majeurs, tant au plan national qu’européen : l’agriculture et l’agroalimentaire. La nouvelle réforme de la PAC est de ce point de vue très négative.
Et aucune disposition durable n’est prise pour conforter nos petites entreprises du secteur agroalimentaire, jetées au vent de la concurrence et de la compétitivité sur des bases inégales, particulièrement avec l’Allemagne et les Etats-Unis. Cette « compétitivité » qui fait tant de mal, comme on l’a vu dans l’affaire dite Spanghero, où pour obtenir de la viande bon marché, on n’a pas hésité à frauder, avec des risques pour les consommateurs et désormais des suppressions d’emplois dans l’entreprise.
Or l’avenir réside bien dans la mise en place de filières de production jusqu’à la consommation à partir des territoires, en instaurant un soutien à la modernisation des PME avec des aides publiques ciblées et contrôlées, un crédit public d’autant plus favorable qu’il sert au maintien ou à la création d’emplois, à la formation des salariés et à l’innovation dans les entreprises, tout en favorisant le développement des territoires.
En même temps, l’état doit légiférer pour obtenir un nouveau rapport entre les centrales d’achat et les entreprises agroalimentaires ou les producteurs agricoles, afin que cesse le pillage actuel de leur valeur ajoutée. Rien n’est fait en ce sens alors que le contexte mondial appelle un développement nouveau de nos capacités agricoles et alimentaires.
Ainsi, alors que la demande mondiale de lait augmente chaque année de 20 milliards de litres supplémentaires les autorités européennes sabotent tout projet de développement. Au lieu de réfléchir à un plan coordonné de développement de la production laitière sur la base d’une agriculture paysanne riche en emploi, et de développer de nouvelles capacités de transformation, l’union européenne décide, dans le cadre de l’actuelle réforme de la politique agricole commune, sous pression de groupes comme Danone ou Lactalis de supprimer les quotas laitiers plaçant nos producteurs dans une concurrence acharnée avec les Etats-Unis. Pendant ce temps outre atlantique ils protègent leur marché. Par Patrick Le Hyaric/ La suite ici