Les journalistes portent un regard rempli de mépris sur les « indignés » américains qui manifestent à New York. Preuve qu’ils ne comprennent rien à l’époque, estime un théoricien des médias.
Depuis le début [le 17 septembre] du mouvement anticapitaliste d'occupation de Liberty Plaza, à proximité de Wall Street, les journalistes de télévision semblent déterminés à présenter la réalité comme le fait d'une génération de "cinglés paresseux et incapables de tenir un discours cohérent". Le porte-parole d'un dictateur arabe interrogé sur une nouvelle vague de protestation ne dirait pas autre chose. Les reporters américains se trompent sur toute la ligne.
Pensez par exemple à la présentatrice de CNN, Erin Burnett, qui a diffusé un reportage sur les militants installés dans Zuccotti Park, à Manhattan, dans une rubrique intitulée Seriously ? ["Sérieusement ?"]. "Contre quoi manifestent-ils ?, s'est-elle demandée tout haut. Personne n'a l'air de bien le savoir." Des propos aussi condescendants que réducteurs.
Pour être honnête, si certains journalistes des grands médias jugent incohérent le mouvement Occupy Wall Street, c'est parce que la presse est ce qu'elle est : difficile de comprendre un mouvement du XXIe siècle en se fondant sur les schémas de pensée du politique et de la presse hérités du XXe.
Car, dans les faits, nous assistons là au premier mouvement populaire né sur Internet qu'aient jamais connu les Etats-Unis, un mouvement qui, contrairement à la lutte pour les droits civiques, aux manifestations syndicales et même à la campagne de Barack Obama, n'est pas inspiré par un leader charismatique, ne peut pas résumer ses aspirations en quelques slogans accrocheurs et n'est pas uni par un objectif précis. Lire la suite sur courrier international
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