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Qui a tué nos villages ?

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3 août 2012 5 03 /08 /août /2012 16:18

 

 

Ces derniers jours, dans la torpeur de la période estivale, une ministre n’a pas hésité à prôner « l’abolition de la prostitution ». Vaste programme ! aurait proclamé le Général De Gaulle, je ne sais s’il s’agit d’une stratégie de communication ou d’un nouvel accès de politique moraliste, mais lancer les forces de sécurité dans une offensive pénale contre la prostitution c’est prendre le risque de démontrer la faiblesse d’un état au travers d’une énième loi inapplicable qui n’aurait d’autre conséquence que d’épaissir le code pénal et d’allonger la liste des échecs en matière de politique de sécurité.

La ministre justifie cette potentielle nouvelle prohibition au nom de la protection des femmes soumises aux réseaux mafieux. Évidemment c’est un noble objectif, mais au lieu de rester dans l’incantatoire je propose d’observer d’un peu plus près les enjeux.

 

RAPPEL HISTORIQUE

 

Tout d’abord il est bon de remarquer que la prostitution s’est révélée depuis longtemps comme une activité stigmatisée officiellement au nom de la morale et de la religion mais officieusement tolérée. C’est en 1254 que Louis IX prend une ordonnance interdisant la prostitution condamnant lourdement les prostituées et les proxénètes. Mais en 1256 soit deux ans plus tard, une nouvelle ordonnance de Louis IX revient sur l’interdiction stricte de la prostitution, les prostituées sont seulement dès lors, éloignées des lieux de culte. A la fin du 18ème siècle, la prostitution représenterait 13 % de la population féminine. Plus tard c’est au nom de l’hygiène que la prostitution est non plus prohibée mais réglementée, c’est l’âge d’or des maisons closes. Selon les quelques chiffres recueillis au 19ème siècle, les volumes de prostituées et de clients seraient bien supérieurs à ceux d’aujourd’hui en proportion de la population d’alors. En 1946, la loi dite « Marthe Richard » conduit à la fermeture des maisons closes. En 2003, une loi rétablit l’infraction de « racolage passif ». A noter enfin que les prostituées se sont organisées dans un mouvement revendicatif en 1975. En 2009, à l’issue des assises européennes de la prostitution à Paris le Syndicat du travail sexuel (STRASS) voit le jour en France ainsi qu’en Grande Bretagne. L’interdiction de la prostitution est donc une très vieille idée, par le passé c’était au nom de la morale religieuse, puis l’hygiène et aujourd’hui c’est la protection de la dignité humaine qui est avancée pour mettre fin à cette activité.

 

L’AMPLEUR DU PHENOMENE

 

Bien qu’il faille être très prudent en matière d’activité clandestine, l’Office central de la répression de la traite des êtres humains recense entre 18 000 et 20 000 prostituées en France. Le syndicat STRASS conteste ce chiffre arguant qu’il ne tient compte que de la prostitution de rue. Pour les autres pays européens dans lesquels la prostitution est une activité règlementée on compte effectivement davantage de prostituées, 400 000 en Allemagne par exemple. Pour la clientèle, il y a lieu de penser qu’il faille rester également prudent dans l’interprétation des chiffres notons cependant qu’il semble qu’entre 1992 et 2006 le nombre de client serait resté stable.

 

LA SITUATION EN EUROPE

 

Les Pays Bas et l’Allemagne ont choisi de reconnaître cette activité qui correspond dès lors à une règlementation comme tout autre commerce. En Suisse, les travailleurs du sexe disposent de leur caisse de retraite. La Suède a, au contraire pris la décision de punir le client. En France une association, le Nid, milite pour ce qui se veut apparaître comme une troisième alternative « l’abolition de la prostitution » selon le schéma passé de « l’abolition de l’esclavage ». Bref la situation est assez contrastée en Europe sur le sujet.

 

L’ABOLITION EN PASSANT PAR LA PROHIBITION

 

Chacun l’aura compris, il est utopique de penser que la prostitution puisse disparaisse de nos sociétés. Selon Janine Mossuz-Lavau directrice de recherche au Cevipof : « Le phénomène ne va pas disparaître comme cela, une telle mesure serait surtout dangereuse. Cela va repousser encore plus dans la clandestinité celles qui se prostituent. Elles seront les victimes de plus de violences et elles auront plus besoin de protection ce qui devrait renforcer le proxénétisme. »

Il est prétendu souvent que la prostitution est le plus vieux métier du monde, je n’en suis pas sûr, mais depuis des siècles la question de l’interdit est posée et malgré les diverses mesures, aucune force de sécurité n’est parvenue à la faire disparaître. Si la protection des femmes devenues esclaves des réseaux mafieux est une saine préoccupation, doit-on pour autant parler d’abolition ?

Il est désormais clairement établi qu’un certain nombre de prostituées ont délibérément choisi cette activité commerciale. Certaines professionnelles considèrent que : « l’on ne tient pas compte de leur parole et que l’on finit toujours par en arriver à des discours de dame patronnesse sur la nécessité de sortir ces pauvres filles du pauvre milieu dans lequel elles sont tombées ». Par Serge SUPERSAC Commandant de police honoraire de la police nationale. Auteur de Pour en finir avec les dealers (Grasset, 2011). Lire la suite sur Laurent Mucchielli 

 

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