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Qui a tué nos villages ?

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5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 17:18

 

 

On aurait grand tort de conclure que le rapport de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), rendu public mardi 3 janvier, donne simplement quitus à EDF pour sa gestion, puisqu’aucune fermeture de centrales n’est préconisée.

Le nombre de remises à niveau exigées à très court et à long terme  par l’ASN est si considérable pour faire face aux multiples vulnérabilités énumérées dans le parc nucléaire français que EDF sera certainement conduit à reconsidérer ses coûts de revient de fond en comble. Mais aussi toute sa conception du risque.

Et donc ses tarifs. Voire même à réexaminer la pertinence économique de certaines centrales, comme Tricastin ou Fessenheim. Ne nous y trompons pas : ce rapport est un séisme culturel et financier pour EDF.

Quand André Claude Lacoste, le patron de l’ASN, estime à quelques 2 milliards d’euros les investissements nécessaires, il n’évoque que les diesels d’ultimes recours dont chaque réacteur devra être doté. On est en réalité très loin du compte tant ce qui est présenté comme des différences d’appréciation sont en réalité bien des contentieux entre l’ASN et EDF. Et les points de divergence sont nombreux.


La doxa du Nucléaire ébranlée

Car c'est sans compter avec le résultat des évaluations demandées  concernant les risques extraordinaires tectoniques ou d’inondation. De ce point de vue, l’analyse de l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) - qui a effectué les contrôles - est  implacable. "Les rapports des exploitants identifient un certain nombre de scénarios extrêmes dans lesquels les SSC (systèmes importants pour la sûreté)  pourraient être mis en échec du fait de la survenue d’agressions extérieures de grande ampleur (inondations ou autres évènements climatiques extrêmes, séismes, effets domino provenant d’accidents affectant d’autres installations nucléaires ou non)".

Manifestement, le traumatisme Fukushima a ébranlé la doxa des agences de contrôle. André Claude Lacoste ne s’en cache pas dans son entretien au "Monde" : "Il y a un avant et un après Fukushima. Le retour d’expérience complet de l’accident de Fukushima peut prendre jusqu’à dix ans et il est possible qu’il nous amène à réviser notre compréhension actuelle de l’accident".

La formulation est plus tranchée encore  à l’IRSN, qui souligne lourdement que même eu égard au référentiel actuel de sûreté, "un certain nombre d’écarts de conformité ont été relevés sur les installations examinées".  Et qui ajoute : "Les événement survenus au Japon nécessitent de reconsidérer le postulat fait à la conception des installations selon lequel un accident grave ne peut être engendré par un phénomène naturel externe à l’installation compte tenu des dispositions prises". Un révolution conceptuelle.

Danse sur des volcans

Le sentiment qui prévaut alors à la lecture de ce rapport très technique mais aussi formidablement précis et étayé d’exemples forts désagréables pour EDF, c’est bien que nous dansons sur cinquante-huit   volcans. Et que s'il n’y a pas d’autres choix que de maintenir la filière nucléaire, en l’état ou réduite, comme c’est probable pour quelques décennies encore, les travaux de sécurisation s’annoncent formidablement lourds. Le vrai coût du nucléaire est peu à peu en train de surgir en pleine lumière.

A la lecture du rapport , on est d’abord en effet frappé par le nombre de  "lacunes" d’"écarts",de vieillissements prématurés (corrosion des tuyauteries des bacs de fuel ou des stations de pompage) et d’un niveau de vigilance souvent altéré, notamment s’agissant de la gestion de la "source froide" qui sert à refroidir les réacteurs à Fessenheim et au Cruas. Comme si l’habitude de la sûreté et l’absence d’accidents graves en France avait fait baisser la garde ici et là.

Des exemples qui font souvent froid dans le dos.


Du risque sismique

S’agissant du risque sismique : "Les exercices déclenchés par l’ASN lors des inspections ont montré que, sur la plupart des sites, les opérateurs susceptibles d’avoir à utiliser les données issues de l’instrumentation sismique ne savent pas ou mal exploiter l’instrumentation sismique, ce qui pourrait aussi retarder le repli des réacteurs voire ne pas amener à prendre cette décision."

Pour Tricastin : "Certaines installations ne disposent pas de consignes spécifiques précisant la conduite à tenir en cas de séisme (la plupart des installations ne disposent pas d'alimentations électriques de secours dimensionnées au séisme, car non requises par leur référentiel de sûreté. Certains matériels disposent d'une alimentation électrique de secours par batteries ou onduleurs dont la durée peut être limitée à 30 minutes ;Les  moyens de communication et de supervision des installations sont secourues par batteries ,ou pendant une durée de 30 minutes à quelques heures seulement (et ils ne sont pas non plus dimensionnés au séisme) ; sur la plupart des installations, les locaux de crise, l'alimentation électrique de la salle de commande, les générateurs électriques de secours et les réseaux de communication ne sont pas dimensionnés au séisme ; la disponibilité des moyens de détection et de lutte contre l'incendie n'est pas garantie (alimentation des détecteurs, réseaux, eau). 

Ce type d'"écart " était épinglé dans les précédents rapports mais de manière nettement plus diplomatique et souvent émasculé par la rédaction. Désormais, les diagnostics généraux sont nets. Et, disons le, cassants.

Manifestement, le renouvellement des experts de l’ASN mais surtout de l’IRSN, qui sont plus jeunes, moins impressionnables par les intérêts supérieurs de l’institution nucléaire, a fait son œuvre. Il faut saluer ici le travail de Jacques Repussard, Dr Général de l’IRSN qui lui même n’a pas fait sa carrière dans le lobby nucléocrate.


Du risque d'inondation

S’agissant des risques de rupture barrages ou de digues concernant Fessenheim et Tricastin, l’ASN exprime ainsi sans ambages son désaccord avec EDF.  L’ASN  souligne d’abord "l’absence d’éléments d’études précises" et "considère que l’engagement d’EDF répond partiellement à sa demande et qu’EDF devra mener des études indiquant de façon précise le niveau d’eau sur le site du Tricastin en cas de rupture des digues de Donzère-Mondragon et sur le site de Fessenheim en cas de rupture des digues du Grand Canal d’Alsace". 


De la sous-traitance

Même franchise s’agissant du recours  à la sous-traitance : "L’ASN considère qu’EDF n’a pas suffisamment démontré, dans les rapports ECS (Évaluations complémentaires de sûreté), que le champ des activités sous-traitées, à la fois en termes de types d’activités considérés et en termes de compétences internes préservées, est compatible avec la pleine responsabilité d’exploitant en matière de sûreté et de radioprotection."

Oui, on aurait décidément grand tort de réduire ce rapport à un feu vert pour l’exploitation des 58 réacteurs existants. C’est un feu clignotant et sous conditions. Des conditions drastiques.    Lire la suite sur Planète Environnement 



Lire aussi sur Le Monde : Sécurité et coût du nucléaire : enfin le débat ! 

 

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