Marie-Christine Vergiat appelle les élus locaux à s’emparer des fonds européens pour aider les Roms à trouver leur place dans la société française.
M-C.Vergiat, la députée européenne évoque la question des Roms.
Élue depuis 2009 députée européenne Front de Gauche pour le Sud-Est, Marie-Christine Vergiat dénonce la politique cynique de la France qui empêche les Roms d’accéder à la citoyenneté. Entretien.
Depuis 3 ans, la Commission européenne a mis en œuvre des actions en faveur des populations roms dans toute l’Europe, quels en sont ses résultats concrets ?
C’est très variable selon les pays. L’épiphénomène de l’été dernier en France a suscité l’intérêt de voir ce qui se passait concrètement dans nos pays respectifs. Le parlement européen a beaucoup poussé dans ce sens. Une majorité de députés, dont je fais partie, en ont marre du hiatus entre discours et pratiques.
Après le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy et les circulaires discriminatoires adoptées, le parlement européen a voté une résolution dénonçant la situation en France, mais auparavant il y avait eu l’Italie. C’est en Hongrie où la condition des Roms est la pire. Il y a des agressions physiques avec mort d’hommes par des groupes fascistes qui interviennent dans les villages. On n’a pas l’impression que le pouvoir en place fait beaucoup pour juger les coupables. A la suite des expulsions en France en 2010, on a demandé à la Commission européenne de suivre cette affaire. Elle a mis en place la Task force qui doit faire le bilan sur l’utilisation des fonds européens par les États, initiative qui a abouti à la proposition de stratégies européennes, déclinées au niveau national, en faveur des Roms d’ici fin 2011.
L’Europe leur consacre 17,5 milliards d’euros, dont 13,5 milliards proviennent du Fonds social européen (FSE). 12 États ont des programmes de soutien aux Roms : l’Espagne, la Finlande, l’Italie, la Grèce, l’Irlande, la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Slovénie, la République tchèque, la Slovaquie. Il faudrait obliger la Commission à enquêter sur place pour vérifier que les plans d’action se mettent bien en place.
Des financements européens existent afin que les États luttent contre l’exclusion et pour l’intégration des Roms, où en est la France ?
La France reçoit 4,15 milliards d’euros au titre du Fonds social européen (FSE). 1 million sert à financer des programmes en direction des Roms pour des projets coûtant 2,5 millions d’euros sur 5 ans (2007-2013). Il y a 28 projets identifiés dans 11 régions, mais aucun en Paca. Sur ces 28 projets, trois seulement concernent les populations roms venant essentiellement de Roumanie et de Bulgarie. Ces trois exemples sont des villages d’insertion, situés à Montreuil, Bagnolet et Saint-Ouen. Ils sont très controversés par le monde associatif qui leur reproche d’enfermer les Roms dans des structures où il faut montrer patte blanche pour entrer. D’autres projets existent dans la région de Nantes dans le cadre du FSE. Mais, la France ne cherche pas à cibler ces fonds européens en faveur de ces populations. lire la suite sur la Marseillaise
Lire aussi