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Qui a tué nos villages ?

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 09:13

 

Je suis assez catastrophée en ce moment, car dans aucun média, aucune presse, même dans les discours de nos chers politiques, personne ne parle de ce qui se passe du côté de l'hôpital public... Et pourtant, moi qui le vis de l'intérieur, je vous garantis qu'il y a de quoi sauter au plafond (peut-être autant que les fautes d'orthographe dans ce mail, je m'en excuse...!).

 

Tout ce qui va suivre est un peu compliqué, peut-être, mais nécessaire pour vous expliquer ce qui se passe sur le terrain.

 

Je suis infirmière dans un service de Médecine adulte (Médecine interne et thérapeutique, pavillon 5, hôpital Bellevue à St-Etienne) avec une capacité d'accueil de 21 patients, dont 95% est muté directement des urgences. Autrement dit, la plupart ne sont pas encore très stabilisés sur le plan médical et ont donc besoin d'une surveillance étroite et efficace de la part des infirmiers et aide-soignants.

 

Les femmes de ménage (ASH) ont elles aussi un rôle important, car au détour d'un couloir ou pendant qu'elles nettoient une chambre, elles peuvent être les premiers signaux d'alarme d'un patient en détresse. Sans parler de leur travail primordial pour assurer l'hygiène des services, rôle majeur dans la lutte des infections nosocomiales.

 

Nos équipes s'organisent ainsi : (les équipes de jour et de nuit sont indépendantes, je ne travaille que le jour matin-soir)

2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le matin

2 infirmières + 2 aide-soignantes + 1 ASH le soir

1 infirmière + 1 aide-soignante la nuit

 

Ceci est ce qu'on appelle le service minimum, autrement dit, c'est le minimum réglementaire pour assurer la sécurité des patients. Or il faut savoir que nous n'avons jamais de personnel en plus et que la tendance actuelle est de nous faire tourner en sous-effectif de manière presque systématique les soirs et les week-end, soit un seul infirmier pour 21 patients.

 

Depuis 2 mois, une de mes collègues infirmières a démissionné et n'est pas remplacée, une autre est en arrêt de travail qui risque d'être prolongé et n'est pas non plus remplacée. Nous ne sommes donc plus que 6 infirmiers au lieu de 8 à assurer un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Alors nous effectuons 1 puis 2 puis 3 week-end supplémentaires (nous en travaillons déjà 2 sur 4 habituellement) et ainsi de suite pour que le service tourne, avec des jours de repos qui sautent et des alternances de rythme incessantes. Si bien qu'il devient impossible de prévoir quoi que ce soit en dehors de la vie au CHU, sous peine de devoir annuler au dernier moment pour cause : boulot!

 

Samedi dernier, une autre collègue s'est arrêtée et, étant la seule infirmière du soir, il n'y avait donc personne pour prendre la relève du matin... C'est un infirmier des urgences qui a été détaché de son service pour venir dans le nôtre, qui a assuré les soins de nos 21 patients, alors qu'il ne les connaissait pas, et qui a dû faire face en plus à une situation d'urgence vitale de l'un d'eux...

 

Une des ASH est arrêtée depuis 1 an en étant remplacée de manière très ponctuelle, obligeant les 3 ASH restantes du service à se partager un roulement sur 4 semaines, jours de semaine, week-end et fériés compris. Leur tâche est de nettoyer à elles seules, tous les jours, la totalité des 16 chambres du service de fond en comble (vitres, mobilier, murs, WC), les bureaux médicaux, les pièces de vie (office, douche, WC, couloirs), la salle de soins...

 

Il faut savoir que le CHU de St-Etienne est en pleine réorganisation, puisqu'un gros complexe est en fin de construction à l'hôpital Nord, promettant parait-il des technologies de pointe, des locaux modernes et surtout des soins efficaces et de qualité...

 

Alors expliquez-moi comment être à la hauteur de ces exigences quand le personnel est déjà largement en sous-effectif? L'hôpital refuse d'embaucher, car déficit budgétaire, mais préfère faire appel à l'intérim, qui coûte plus cher que des contractuels...

 

Hier, j'étais normalement en 'repos' et j'ai passé une bonne partie de ma journée à démarcher la Médecine du Travail, les syndicats et à parler avec notre chef de service, pour essayer de trouver des solutions pour que notre direction nous entende...

 

Nous sommes par chance soutenus par notre chef de service, qui connaît la valeur de notre travail et sait que nous ne protestons pas pour rien. Il nous connaît suffisamment pour lui même remuer ciel et terre pour qu'on s'occupe du sort des soignants à l'hôpital. Il nous soutient par ce que lui-même est très inquiet de la situation et voit notre gouvernement asphyxier le service public hospitalier, or lui a choisi de travailler au CHU par foi en ce service public et dans le respect du serment d' Hippocrate.

 

Je dors très mal et pour être honnête je pense au boulot constamment. J'ai peur que le stress me fasse oublier un soin, que la pression m' empêche de prendre le temps avec un patient déprimé, que la fatigue me fasse faire un mauvais calcul de dose, administrer un produit au mauvais patient... J'ai peur que ce métier que j'aime me transforme en assassin, involontairement, par ce qu'on aura laissé la situation se dégrader. Parce que nous sommes tous responsables : je suis l'infirmière d'aujourd'hui mais nous sommes tous les patients de demain. VOUS pouvez être au bout de ma seringue, ou votre mari, votre enfant, votre Je vis l'insécurité dans mon travail, alors que je le maîtrise pourtant. Mais je suis humaine avant tout.

 

Vous serez ceux qui pâtirez du manque de soignants dans les services :

je n'aurai pas pu prendre le temps de vous donner des nouvelles du patient que vous aimez, je n'aurai pas pu gérer 2 situations d'urgence à la fois... Faut-il attendre qu'il y ait des morts pour réagir et prendre conscience de ce qui se passe dans les hôpitaux???

 

Aujourd'hui, j'ai besoin de vous. Merci de bien vouloir transférer ce mail de manière la plus large possible, pour informer le plus de monde possible. Si vous connaissez des personnes du monde hospitalier, journalistique, politique ou autre, n'hésitez pas à les solliciter.

Il faut se mobiliser en masse pour être plus efficace, moi toute seule, je n'intéresse personne.'

 

Merci pour votre attention!

 

Note du webmaster :

(Je vous conseille de lire le commentaire qui suit cet article)


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commentaires

O
<br /> En lisant votre témoignage,je me revois dans mes services,il y a quelques années.Je suis infirmière cadre de santé en retraite,et ce que vous décrivez,je l'ai vécu au quotidien,dans un petit<br /> hôpital de secteur( mèdecine,chirurgie,urgences 24/24,consult,gériatrie.J'avais en charge la chir.,les urgences,les planings du bloc(où je n'avais aucune légitimité,car il y avait une IBODE qui<br /> faisait fonction de cadre),et les planings des consult(même situation qu'au bloc).Je remplaçais ma collègue de mèdecine pendant ses abscences et vice-versa.J'étais aussi" pour les chirurgiens et la<br /> direction,"un pool de remplacement" quand il y avait trop d'IDE absentes.J'ai exercé comme infi pendant 18 ans,puis comme cadre.Je me suis battue,toujours pour le patient,pour mes équipes,pour<br /> l'hôpital,et j'ai toujours eu comme seule préoccupation/ LE MALADE. Ma génération a mené les revendications pour une mise en place du dossier de soin,une législation qui encadre la profession,une<br /> vraie reconnaissance (je suis arrivée de suite aprés les "bonnes soeurs" dans mon hosto!),et j'ai toujours été une rebelle,tantôt soutenue par les mèdecins,et la hiérarchie,tantôt désavouée,avec<br /> des appréciations du style:" cocoone trop ses équipes" ou "elle part à la retraite,enfin!".).Ca me laissait indifférente!<br /> Mes équipes n'ont pas toujours compris,ni adhéré à mes combats,mais je ne leur en ai jamais tenu rigueur,me rappelant trop,combien,quand on est dans l'urgence du soin,on occulte le reste,et les<br /> surveillantes de mon époque, n'ont pas renconté les même aléas.Cependant,j'avais une haute idée de mon rôle de cadre,(ce n'était pas un choix,mais imposé par la direction de l'époque,et<br /> finalement,je me suis prise au jeu,et j'ai tout mis en oeuvre,pour mériter cette confiance et imposer ainsi ma philosophie du soin:mettre le patient au centre du systeme).On m'a confié des<br /> élèves,les services sont devenus lieu de stage et lieux de passage de DE et de CAFAS; là encore ,j'espère avoir semé ma" petite graine".J'ai cotoyé des IDE et des ASH et AS,absoluement<br /> remarquables,en qui je retrouvais des professionnelles qui avaient les mêmes objectifs que moi.<br /> J' ai aussi beaucoup milité dans les instances de l'établissement:CTE,CAPL,CA,CTE,Commission de soin, CLIN;<br /> Avec tout ça,mes journées faisaient 12 h,et les 35 h,je les avais faites le mercredi,et le reste,c'était du rab; et je me suis un peu oubliée dans tout ça.<br /> J'ai adoré ce métier,mais je suis partie à la retaite à 55 ans,pour fuir:fuir ce que vous décrivez,et que personne n'entend,voire se moque.Je n'en pouvais plus de refaire le planing à peine fini,de<br /> jouer avec les noms comme avec des pions sur un échiquier,de malmener mes équipes,face à une direction inerte,et une infirmière générale servile.<br /> On se suicide à France Télécom,mais avec ce que nous vivions (journées doubles,vacances supprimées,repos modifiés sans arrêt,heures sup,repas en 5 mn...vous connaissez,)je me suis toujours demandé<br /> quelles étaient les limites du supportable.Je m'en suis sortie,à cause de mon caractère volcanique (la directrice m'a souvent traitée de ch...quant à l'infirmière gé.je pense que mes colères<br /> devaient lui faire peur,elle me savait déterminée,et elle me soutenaiT PARFOIS;<br /> <br /> Je suis partie il y a 7 ans,et si j'ai gardé le contact avec certaines collègues,je n'ai jamais remis les pieds à l'hôpital,sauf pour des motifs perso,et pour sièger au CA,et à la CRUQ,car j'étais<br /> aussi conseillère municipale.<br /> Là encore,j'ai pu constater que CETTE PROFESSION SE DEFEND MAL,voire PAS DU TOUT. En 7 ans de mandat municipal,les 3 représentants du personnel,n'ont pas ouvert la bouche!!!<br /> j4en étais rongée et plus d'une fois,j'ai défendu le personnel,alors que le maire me faisait remarquer que j'étais élue et non plus agent de l'hosto.Mais c'était une seconde nature chez moi.<br /> Je vous concède que les jours de repos sont faits pour le repos,mais nous avions beaucoup de personnel à mi-temps,et cette inertie de la profession,c'est un désastre.Peut-être celà a t-il changé,je<br /> l'espère,car le premier ennemi de l'infirmière,c'est elle-même:vous avez totalement délégué ce qui est le plus gratifiant dans le métier:le soin de nursing,pour vous laisser envahir par la tech<br /> nicité.<br /> Le gouvernement vous enfume avec une augmentation ridicule,et ...vous passe en catégorie A ( le niveau "master",la belle affaire,vous ne pourrez plus partir à 55ans!!),et pas la moindre manif,ni<br /> protestation!<br /> Les syndicats sont inertes,mais ce n'est pas nouveau,leurs revenus viennent pour 27 % de l'état!!Mais la Coordination existe toujours alors ?Et qu'en pense le nouvel "ordre"?<br /> <br /> <br />
Répondre
R
<br /> <br /> Merci pour ce témoignage qui complète parfaitement l'article.<br /> <br /> <br /> A vous relire une autre fois, peut-être<br /> <br /> <br /> <br />

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