Le sommet européen de Bruxelles a adopté un nouveau « plan d’aide à la Grèce ». Ce plan admet, contrairement aux affirmations répétées de la quasi totalité des responsables européens, dont le président de la République et le président de la Banque centrale européenne (BCE), que la Grèce ne pourra pas rembourser sa dette. Ainsi est reconnue, de fait, l’inefficacité de la succession des plans d’austérité que subit le peuple grec… ce qui n’empêche pas ceux-ci de continuer à s’appliquer et les dirigeants européens de promouvoir une politique d’austérité généralisée pour réduire les déficits publics. Que cette politique soit, non seulement injuste socialement, mais absurde économiquement ne semble pas les gêner le moins du monde... Porteuse d’une logique dépressive, elle aggravera au contraire les déficits.
Ce plan se fait essentiellement au bénéfice des banques. Il est d’ailleurs significatif que, grande première, les représentants des banques aient participé aux discussions. Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) financé par les Etats européens va pouvoir acheter des obligations d’Etat sur le marché secondaire. Le FESF sera donc avec la BCE l’acheteur en dernière instance des titres de la dette publique dont les opérateurs financiers voudraient se débarrasser. Il s’agit ainsi de leur donner l’assurance que ces obligations seront garanties quelle que soit la situation. L’argent public va donc une nouvelle fois permettre que les banques se défaussent de titres qu’elles considèrent comme « pourris ». Alors que les taux d’intérêt très élevés auxquels les banques prêtent à certains Etats sont théoriquement une prime de risque en cas de défaut, cette mesure n’est ni plus ni moins qu’une nouvelle socialisation des pertes… socialisation d’ailleurs anticipée puisque aucun pays n’a pour le moment fait défaut.
La participation du secteur privé est toute relative. En effet, les obligations grecques s’échangent aujourd’hui sur le marché secondaire à 50 % de leur valeur. C’est dire que les banques n’ont pas d’intérêt à s’en débarrasser. Le plan prévoit qu’elles pourront, soit prolonger leur durée, soit, mieux encore pour elles, échanger ces titres contre d’autres à plus long terme, titres garantis au niveau européen. Il s’agirait dans ce cas d’un transfert du risque porté actuellement par les banques vers l’Union européenne et les Etats. Seul point positif, le FESF qui prêtait à la Grèce, au Portugal et à l’Irlande au taux punitif de 5,8 % baissera ce taux d’environ un point, allégeant ainsi la charge des intérêts.
Ce plan d’aide à la Grèce est donc essentiellement un nouveau plan d’aide aux banques. Il s’agit de faire payer aux populations le prix de la crise que les marchés financiers ont eux-mêmes créés. Plans d’austérité et transfert d’argent du public vers le privé sont les deux moyens que les gouvernements, les institutions européennes et le Fonds monétaire international mettent en oeuvre pour réaliser cet objectif. Pour l’Union syndicale Solidaires, il s’agit aujourd’hui de créer les convergences nécessaires pour construire les mobilisations nationales et européennes afin d’imposer d’autres solutions : annulation de la dette et socialisation du système bancaire, nouveau partage de la richesse produite et politique économique pour satisfaire les besoins sociaux et respecter les impératifs écologiques.
Source Solidaires
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