Deux jours après l'évacuation, les pouvoirs publics n'ont apporté aucune solution de relogement. En urgence, 22 personnes ont été accueillies dans le jardin d'un particulier.
Par SYLVAIN MOUILLARD
Le scénario est immuable. Au petit matin, les cars de CRS entourent le campement rom. Les occupants ont quelques dizaines de minutes pour rassembler leurs affaires, avant d'être évacués. Les pelleteuses arrivent enfin, pour détruire les baraques de tôle et de bois. Depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir, les opérations n’ont pas cessé. Dernier exemple en date : lundi matin, à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Une centaine de personnes occupant un bidonville insalubre, en contrebas de l’autoroute A4, ont été expulsées. «C’est le résultat d’une décision de justice, justifie la préfecture de Seine-Saint-Denis. Il s’agissait d’un terrain privé.» Deux jours après l'évacuation, la situation n’est pourtant pas réglée. Faute d’offres de relogement des pouvoirs publics, les Roms ont été pris en charge par la solidarité citoyenne.
Les nourrissons, accompagnés de leurs mères, sont hébergés chez une bénévole associative. Quelques personnes ont rejoint d’autres campements roms dans les environs, où ils avaient de la famille. Une dizaine sont dans une salle paroissiale. Le plus gros contingent s’est retrouvé dans le jardin d’un militant associatif, à Noisy-le-Grand. L’endroit est situé en bord de Marne. Derrière les grilles noires, une belle bâtisse et un vaste terrain, sur lequel ont été dressées onze tentes. Fournies par Médecins du monde, elles ont accueilli vingt-deux personnes mardi soir. «Si notre société n’est pas capable d’accueillir, nous allons le faire à sa place, explique le propriétaire des lieux, Gérard Bureau. Ici, c’est l’urgence d’un camp de réfugiés.» L’homme a aussi ouvert son rez-de-chaussée, notamment les toilettes et la salle de bain.
Carmen, 24 ans, a passé la nuit sur place, avec son mari, sa fille de 9 ans, et son bébé de 18 mois. «J’ai très bien dormi, explique-t-elle en donnant le sein à son fils Rafael. C'était bien mieux qu’avant-hier, lorsqu’on a campé devant la mairie. C'était un calvaire, il faisait très froid.» Après avoir été expulsés de leur camp, quelque 70 Roms s'étaient en effet installés devant l’hôtel de ville de Noisy-le-Grand, espérant obtenir une aide de la municipalité. Rien n’est venu. Mardi matin, les policiers les ont même forcés à partir. «Ils nous disaient "Dégage, dégage", raconte Carmen. On a eu peur et on a dû abandonner beaucoup d’affaires.»
«Une caravane pour l’hiver» Lire la suite sur Libération