Depuis 1992, La fédération SUD PTT dénonce les effets de la libéralisation postale, notamment sur la société civile et sur l’emploi.
A l’échelle Européenne, les faits sont avérés : démantèlement de la plupart des opérateurs historique, perte de leurs services financiers au profit du secteur bancaire, disparition des réseaux de bureaux de poste, augmentations de tarif avec assujettissement du timbre à la TVA.
Coté emploi, on atteint des sommets avec plus de 350 000 suppressions et la création d’un sous prolétariat où les salaires tournent autour de 5 euros de l’heure pour les facteurs « auto-employés ». En France, encore 50 000 suppressions de postes sont prévues d’ici 2015 chez l’opérateur public et il y a un réel risque de développement de ces distributeur(trices)s auto-entrepreneurs à l’image de ce qui se passe en Hollande en Belgique ou en Allemagne. La méthode est éprouvée en France où Coliposte sous-traite déjà près de 90% des envois à ce type de prestataires.
Aujourd’hui, de l’avis des experts, l’ouverture du marché du courrier n’attise pas beaucoup de convoitises. Le constat est clair : la baisse des volumes du courrier et la crise économique, les échecs d’Adrexo et d’Alternative Post en France et l’activité embryonnaire de la quinzaine d’opérateurs agréés par l’ARCEP viennent conforter cette situation.
Cependant la fédération SUD PTT n’est pas dupe de cette ouverture « molle » du marché postal. Il sera certes difficile d’attaquer La Poste sur un terrain qu’elle a marqué depuis longtemps, mais le danger vient aussi de l’intérieur. Les premiers concurrents se trouvent dans le Groupe La Poste, avec des transferts d’activités basés sur le moins disant social : utilisation du véhicule personnel des salariés, travail dissimulé par le biais de la pré-quantification du temps de travail (Mediapost), sous-traitance à outrance (Chronopost), convention collective déplorable (Media Press), courrier numérique (Docapost), transfert d’activités (Media presse, STP, Neolog) etc...
Le ministère de l’industrie a conforté en 2010 ce modèle social inéquitable en refusant de soumettre au parlement une dérogation permettant l’application d’une convention collective des activités postales aux entreprises qui pratiqueraient de la multi-activité (distribution de publicité non adressée ou de journaux avec le courrier).
Au 1er janvier 2011, les conditions du dumping social perdurent et il n’y a toujours pas de convention collective des activités postales, pourtant prévue dans la loi de 2005. Il n’y a pas de « bulle du marché postal » et tout effort de productivité s’est soldé et se soldera par des reculs en matière d’intérêt général et de conditions de travail.
Nous ne voulons pas de cette Europe postale Low Cost !