La présidentielle se rapproche, et les chiffres de la délinquance ne cessent de s'aggraver. Pire, les catégories en hausse, cambriolages et agressions, sont très largement susceptibles de renforcer le fameux "sentiment d'insécurité". Place Beauvau, c'est le branle-bas de combat, mais dans les limites d'un budget en baisse, comme en témoignent deux notes internes envoyées les 15 et 23 septembre par le directeur général de la gendarmerie nationale, dont Le Monde a eu connaissance.
Vendredi 30 septembre, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a annoncé qu'il affectait "4 000 policiers et gendarmes de plus sur le terrain" et l'équivalent de six unités mobiles en renfort pour lutter contre les cambriolages dont il a reconnu la "recrudescence" depuis 2009. Le patron de la gendarmerie, le général Jacques Mignaux, demande à ses troupes, dans la note du 15 septembre, destinée à la haute hiérarchie, de "viser un bilan favorable de l'évolution de la délinquance en 2011".
"Les succès précédemment enregistrés (...) marquent le pas", reconnaît-il dans la note du 23 septembre, destinée aux responsables régionaux. La réunion de l'ensemble des commandants de groupement de gendarmerie, prévue le 19 octobre, est avancée au mercredi 5 octobre, "afin d'amplifier l'impact des directives".
Le patron de la gendarmerie souhaite donc "une très forte mobilisation", mais recommande une plus grande vigilance et de lever le pied pour l'enregistrement des vols avec violences, en forte hausse : "Plusieurs centaines d'infractions sont (...) artificiellement caractérisées, les déclarants étant encouragés par le dispositif d'indemnisation à faire état de violences." Il convient que "les enquêteurs s'attachent à établir la réalité des faits afin de ne pas procéder à l'enregistrement infondé d'agressions". A la direction de la gendarmerie (DGGN), on cite les vols de mobiles. Pour assurer les opérateurs de leur bonne foi, les victimes auraient tendance à déclarer abusivement des violences. Lire la suite sur le blog de Laurent Mucchielli