Que font ces travailleurs de l’ombre qui opèrent derrière les moniteurs : les opérateurs. Que voient-ils ? Comment peuvent-ils intervenir sur les crimes et les délits ? Telles sont les principales questions au cœur de cette étude qui repose sur une enquête ethnographique conduite dans deux salles d’exploitation de systèmes de vidéosurveillance. Deux principaux enseignements s’en dégagent.
- Les opérateurs assurent bien une surveillance des caméras, plus ou moins active, mais elle ne participe que de manière très limitée à la prévention des désordres. Il apparaît clairement, de l’observation de leurs pratiques, que l’idée d’une surveillance continue est une illusion. La démultiplication du regard sur l’espace public ne se traduit d’ailleurs pas par une augmentation du nombre de flagrants délits et d’arrestations.
- Les opérateurs exercent une forme de discrimination, bien souvent inconsciente, qui est d’autant plus forte qu’aucune formation sur les comportements suspects ne leur est délivrée. De manière plus globale, on constate un déficit de formation sur les aspects aussi bien techniques, juridiques et éthiques, de ces professionnels.
En résumé, cette étude montre que l’efficacité la vidéosurveillance est fortement limitée par des facteurs techniques et surtout humains. Le contraste est saisissant entre la visibilité de cet outil dans l’espace public et le peu de crédit accordé aux opérateurs qui en ont la charge.
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Télécharger cette étude de Tanguy Le Goff sur le site de l'IAU-IDF
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